57ème Assemblée générale de l’OMS: une transition tourmentée

18 mai 2004

Les délégations des 192 Etats-Membres de l’OMS sont réunies depuis hier à Genève pour la 57ème Assemblée de l’Organisation. Pourtant, ce comptage fait débat aux yeux de certains observateurs, de sorte que le politique paraît dominer cette première journée.

D’abord, des invités peu attendus plutôt qu’imprévus frappent aux portes du Palais (des Nations). Depuis dimanche en effet la cite de Calvin bruit de quelques centaines de ressortissants de la région de Taïwan.

Ils sont venus par avion spécial réclamer une reconnaissance officielle comme entité sanitaire indépendante. Ce sont pour l’essentiel des représentants des communautés confessionnelles de la grande île. Dans la petite foule massée aux grilles du Palais, on trouve pêle-mêle des ligues féminines, l’Association des Eglises chrétiennes ou l’Eglise presbytérienne de Taïwan.

Autre surprise pour beaucoup, la présence d’une délégation représentant l’autorité intérimaire irakienne en Irak. Surprise car le pays, en état d’occupation par des puissances étrangères depuis plus d’un an, ne parait à même d’exercer sa souveraineté. Ses représentants ne devraient en théorie pouvoir ni signer ni voter dans une Assemblée des Nations-unies. Toutefois, l’ONU ayant accordé sa reconnaissance à cette autorité intérimaire, elle se trouve en situation d’exercer certaines de ses prérogatives. Un exemple dont d’autres pays occupés pourraient demain se prévaloir, au Moyen-Orient ou ailleurs.

Une année riche en évènements sanitaires
Ces chikayas politiques ne doivent pas faire oublier que cette Assemblée se situe dans un contexte de mutations profondes et de secousses sanitaires majeures. Bien que cela paraisse aujourd’hui relever de l’histoire ancienne, les délégués n’oublient pas que 2003 aura été l’année de la première alerte mondiale diffusée par l’OMS. Alerte contre le SRAS – Syndrome respiratoire aigu sévère – qui depuis mars 2003, a acquis ses lettres de noblesse comme facteur épidémique à part entière… L’année aussi de l’adoption du premier traité mondial de santé publique, la Convention-cadre pour la Lutte antitabac. L’année aussi malheureusement, où l’effort global de lutte pour l’éradication de la poliomyélite est remis en cause par la défaillance d’un seul état, dans le nord du Nigeria…

Notons aussi quelques évolutions qui marquent une profonde mutation dans les rapports nord-sud. Et de véritables progrès dont pour l’essentiel, l’OMS porte le crédit. Depuis le début 2003 par exemple, les chercheurs des pays les plus pauvres bénéficient d’un accès libre et gratuit à des informations sanitaires de référence. C’est la garantie d’être placés à la pointe de l’évolution des connaissances; grâce au développement des stratégies DOTS, le cap des 10 millions de tuberculeux traités est franchi; des accords internationaux sur les transferts de technologie facilitent la fabrication locale de moustiquaires, donnant un élan nouveau à la lutte contre le paludisme. Et bien d’autres changements, tels ceux survenus dans le régime de la propriété intellectuelle dont beaucoup espèrent qu’ils faciliteront l’accès des plus pauvres au progrès thérapeutique.

  • Source : De nos envoyés spéciaux à Genève, 17 mai 2004 - Photo: OMS/P.Virot

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