Accident nucléaire : quels sont les risques pour la santé ?
14 mars 2011
Irradiation ? Sa seule évocation effraie. Mais que signifie-t-elle ? Quels sont les risques sanitaires en cas d’exposition radioactive importante ? Le point avec Alain Rannou, spécialiste expert en radioprotection à l’Institut de Radioprotection et de Sûreté nucléaire (IRSN).
En cas d’exposition directe à des doses de rayonnement ionisant élevées, les conséquences peuvent être très graves pour la santé. Les dégâts sur l’ADN et d’une manière plus générale sur les fonctions physiologiques sont tels qu’« un nombre important de cellules de l’organisme sont totalement détruites », explique Alain Rannou. Les conséquences cliniques sont nombreuses et dépendantes de l’exposition. « Cela va de l’érythème cutané, équivalent à un coup de soleil, à la stérilité, en passant par une cataracte, des troubles digestifs et du système nerveux, jusqu’au décès ». ajoute-t-il.
Conséquences à long terme
Sur le long terme, d’autres conséquences sur la santé peuvent se manifester. Parmi elles, le développement de cancers ou des dommages au niveau génétique. « Les cellules non détruites par l’irradiation risquent de subir des aberrations chromosomiques », indique Alain Rannou. « Si l’exposition est très importante, on a pu démontrer le lien entre celle-ci et l’apparition de certains cancers », précise le spécialiste.
L’exposition à la radioactivité ne se limite pas à l’accident lui-même. L’inhalation ou l’ingestion de matière contaminée – même après l’accident -exposent l’organisme à des doses de radioactivité nocives. Ce qui accentue le risque de développer un cancer.
Protection ?
Peut-on se protéger des rayonnements émis lors d’une explosion nucléaire ? En partie seulement. « L’éloignement de la source de rayonnement est préconisée car l’intensité des radiations diminue avec la distance », explique l’IRSN. En outre, « l’utilisation d’écrans protecteurs (confinement) entre la source et les personnes » permet de réduire l’intensité de l’irradiation. « Plus le matériau est dense, plus le rayonnement perdra de son énergie », souligne notre spécialiste.
Lors d’une irradiation massive, l’iode 131 radioactif – qui est un des éléments émis – se comporte comme l’iode stable: « Rapidement et totalement absorbés dans le sang, il se concentre dans l’organe cible qu’est la thyroïde », explique le site du CEA. D’où un risque accru de cancer. Or si la thyroïde est déjà « saturée » en iode, elle ne fixera pas l’iode radioactif auquel elle est exposée. C’est pourquoi, en cas d’accident nucléaire, il faut absorber un comprimé d’iode.
En France, les personnes habitant dans un périmètre de 10 km autour d’une centrale nucléaire devraient posséder des comprimés à domicile. En outre, il est recommandé de « limiter temps d’exposition près de la source de radiation, s’en éloigner et s’en protéger », indique l’OMS.
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Source : OMS, 14 mars 2011 ; CEA, 14 mars 2011 ; interview d’Alain Rannou, expert en radioprotection à l’Institut de Radioprotection et de Sûreté nucléaire (IRSN), 14 mars 2011