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En France, 90 000 patients sont actuellement traités pour une insuffisance rénale chronique, selon les chiffres avancés par l’Agence de la biomédecine. 20 000 personnes sont inscrites sur la liste nationale d’attente. Les dons d’organe provenant de donneurs décédés ne suffisent pas à répondre à la demande, ce qui allonge les délais d’attente et limite l’accès à la transplantation. Ainsi, en 2024, seuls 3 757 greffes rénales ont été réalisées, dont 598 grâce à un don du vivant.
Pourtant, la greffe de rein à partir d’un donneur vivant est considérée comme la meilleure option thérapeutique pour le patient. « Sans aucun délai d’attente par rapport au don post mortem et parfois en évitant le recours à la dialyse, la greffe de rein à partir d’une proche limite les complications éventuelles et offre une meilleure qualité de greffons », explique l’Agence de la biomédecine dans un communiqué publié le 8 décembre. Encore plus efficace, la greffe de rein entre membre d’une même famille assure une excellente compatibilité et permet des traitements anti-rejet beaucoup moins lourds.
S’il s’agit d’une décision qui doit être mûrement réfléchie du côté du donneur comme du receveur, l’Agence de la biomédecine entend tordre le cou aux nombreuses idées reçues qui freinent les dons du vivant. Quelles sont-elles ?
1 – Le donneur ne peut être qu’un membre de la famille : FAUX
Le donneur doit être un proche du patient, soit un membre de la famille soit un ami depuis plus de 2 ans.
2 – Un enfant ne peut pas donner de rein à ses parents : FAUX
Si les enfants mineurs ne peuvent effectivement faire don de leur rein à un parent, cela ne pose aucun problème pour les enfants majeurs.
3 – Un don n’est pas envisageable si on est incompatible avec le donneur – FAUX
Des solutions existent comme le don croisé qui permet de contourner l’incompatibilité (de groupe sanguin et/ou immunologique) entre un donneur vivant et son proche malade. Il s’agit de réunir des « paires » de donneurs/receveurs qui ne sont pas compatibles entre eux, mais dont le receveur est compatible avec le donneur de l’autre paire – et vice-versa. Une greffe est aussi envisageable après des traitements de désensibilisation du receveur.
4 -Avec diabète récent ou une hypertension traitée, je ne peux pas donner un rein à un proche – FAUX
Le diabète ou l’hypertension artérielle ne rend pas inéligible au don de rein de manière systématique. Chaque cas est étudié individuellement par l’équipe médicale.
5 – Certaines religions ne permettent pas le don d’organes, qu’il soit pour un proche ou anonyme – FAUX
Selon l’Agence de la biomédecine, « les principales religions monothéistes – christianisme, judaïsme et islam – se sont prononcées en faveur du don d’organes et de tissus après la mort. Le but étant de sauver des vies, cet acte surmonte ainsi un certain nombre d’interdits ».
6 – Mon proche ne peut pas me donner un rein car il vit à l’étranger – FAUX
Avec un donneur à l’étranger, la transplantation nécessitera une coordination plus complexe. Quoi qu’il en soit, les frais liés au don seront pris en charge ou remboursés par l’établissement de santé.
7 – Je n’aurai pas besoin d’immunosuppresseur si c’est un don de rein issu d’un membre de ma famille – FAUX
Les médicaments immunosuppresseurs sont systématiques pour éviter le rejet de l’organe greffé. Toutefois, le risque de rejet est généralement plus faible avec un donneur familial.
8 – Donneur décédé ou donneur vivant, l’attente du rein est la même – FAUX
Avec un donneur vivant, un patient accède plus rapidement à la greffe. Celle-ci est programmée dès que le bilan du donneur est terminé et validé. Les délais d’attente d’un greffon de donneur décédé ne cessent d’augmenter du fait de la pénurie et de l’accroissement des malades inscrits sur la liste attente.
9 – Recevoir un rein d’un donneur décédé ou d’un donneur vivant donne les mêmes résultats – FAUX
Les résultats sont souvent meilleurs avec un rein de donneur vivant. Le greffon est de meilleure qualité car l’intervalle entre le temps de prélèvement et la greffe est plus court et le donneur est en bonne santé au moment du don.
10 – C’est facile pour un patient de demander un don de rein à ses proches – FAUX
Demander un don d’organe à un proche est une démarche difficile qui peut être accompagnée par un médecin. Le don n’affecte pas l’espérance de vie du donneur et il est tout à fait possible de vivre avec un seul rein. Le donneur bénéficie d’un suivi médical annuel.

Source : Agence nationale de la biomédecine

Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet