Comment le cannabis grille la mémoire à court terme

15 mars 2012

C’est une réalité qui est désormais largement reconnue après avoir été longtemps rejetée : le cannabis altère les facultés cognitives. Ce que l’on sait moins en revanche, c’est la manière dont il exerce cet effet redoutable. Un travail franco-canadien vient de mettre à jour l’importance de certains récepteurs neurologiques pour notre mémoire à court terme.

Les équipes de Giovanni Marsicano (Unité INSERM 862, Institut François Magendie de Bordeaux) et Xia Zhang de l’Université d’Ottawa au Canada, viennent en effet d’élucider le mécanisme par lequel les cannabinoïdes endommagent la mémoire dite « de travail ». Celle qui permet de réaliser des opérations aussi courantes que la réflexion, la lecture, l’écriture, le calcul…

Les auteurs ont étudié le rôle des récepteurs CB1, particulièrement abondants au niveau des terminaisons nerveuses du cerveau. Après des tests sur la souris, ils ont noté que les cannabinoïdes, une fois liés à ces récepteurs, diminuent l’efficacité de connexions entre neurones au niveau de l’hippocampe, une structure cérébrale essentielle aux fonctions de mémoire. C’est elle aussi, qui est affectée chez les victimes de la maladie d’Alzheimer.

Cette découverte met non seulement en lumière le rôle des récepteurs CB1, mais offre également une meilleure compréhension de l’effet du cannabis sur le cerveau. Certes, ses effets néfastes sont ainsi mieux expliqués, mais comme tout revers a sa médaille, « cela devrait permettre d’optimiser le potentiel thérapeutique des cannabinoïdes, aujourd’hui limité par d’importants effets indésirables associés à leur consommation », conclut Giovanni Marsicano.

  • Source : INSERM, le 1er mars 2012 ; Interview de Giovanni Marsicano, 1er mars 2012

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