Crise sanitaire : premiers résultats de l’impact sur la santé mentale des enfants
20 juin 2023
Enabee, c’est le nom de l’étude nationale réalisée par Santé publique France pour évaluer la santé mentale et le bien-être des enfants de 3 à 11 ans, scolarisés en France. L’agence livre les résultats pour la tranche d’âge 6-11 ans : en 2022, 13% des enfants semblaient concernés par au moins un trouble probable de santé mentale.
L’étude Enabee vient combler un manque : celui de données permettant de produire des indicateurs de la santé mentale des enfants français, âgés de 3 à 11 ans. Cette étude inédite a été menée entre mai et juillet 2022, à la fin d’une année scolaire en partie perturbée par la gestion de la pandémie.
Ce n’est bien sûr pas un hasard : « la crise sanitaire liée à la Covid-19 a mis en exergue la nécessité de développer un suivi épidémiologique de la prévalence des problèmes de santé mentale des plus jeunes, leur prise en charge et leurs facteurs de risque, ainsi que leur niveau de bien-être », écrit Santé publique France dans le document qui rend compte des premiers résultats de son étude, concernant la tranche d’âge 6-11 ans. Soit les enfants scolarisés à l’école élémentaire.
Pour cette étude, et c’est inédit, les premiers concernés ont répondu à un questionnaire, au même titre que leurs parents et leurs enseignants. Au total, plus de 15 000 enfants et plus de 15 000 enseignants ont été interrogés dans près de 400 écoles, ainsi que 10 000 parents.
Plus d’un enfant sur dix
Que montre cette « première photographie de la santé mentale et du bien-être des enfants scolarisés du CP au CM2 » ? Que plus d’un enfant sur dix présenterait (il ne s’agit pas de diagnostics) au moins un trouble probable de santé mentale (13%). Dans le détail :
- 5,6% présenteraient un trouble émotionnel probable : il s’agit de troubles anxieux (anxiété de séparation, anxiété généralisée, phobies spécifiques) ou dépressifs. Ce type de troubles concerne davantage les filles ;
- 6,6 % présenteraient un trouble oppositionnel probable : il se caractérise par une « humeur particulièrement colérique/irritable, un comportement querelleur/provocateur, un esprit vindicatif qui dépasse les querelles des fratries et persiste plusieurs mois », et touche plutôt les garçons ;
- 3,2 % présenteraient un trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité probable, soit un « mode persistant d’inattention et/ou d’hyperactivité-impulsivité qui interfère significativement avec le fonctionnement ou le développement et est observé dans au moins deux contextes différents (famille, école) ». Là aussi, la prévalence est plus élevée chez les garçons.
Dans la mesure où ces données sont les premières recueillies sur le thème de la santé mentale et du bien-être chez des enfants français de cette tranche d’âge, il est difficile d’établir une comparaison avec des résultats antérieurs et de mesurer précisément l’impact de la crise sanitaire sur ce jeune public. Toutefois, précise Santé publique France, « le taux de prévalence est du même ordre de grandeur que ceux observés dans d’autres pays en Europe sur la même tranche d’âge en 2010 et 2017 ».
L’étude sera reconduite à intervalles réguliers et permettra « de suivre l’évolution des indicateurs au cours du temps, d’évaluer l’impact d’événements éventuels (infectieux, environnementaux…) sur leur santé mentale et leur bien-être et d’étayer des actions de prévention et de promotion de la santé en vue de créer des environnements favorables à leur épanouissement. » Les résultats concernant les enfants de 3 à 5 ans, scolarisés en maternelle, sont attendus dans les prochains mois.
A noter : « Les données ne mettent pas en évidence de différences selon le niveau scolaire et le secteur de l’école (école publique hors réseaux d’éducation prioritaire (REP) et écoles privées versus écoles publiques REP ou REP+) », indique Santé publique France.