Apnée : les secrets des champions

26 juillet 2024

Statique ou dynamique, l’apnée de haut-niveau nécessite à la fois des capacités physiques - pulmonaires notamment - et psychologiques, hors normes ! Sur fond d’un travail à l’entraînement qui l’est tout autant. Illustration.

©Dudarev Mikhail/Shutterstock.com

 A 30 ans, le Français Guillaume Bourdil a fait partie des rares apnéistes au monde, capables de parcourir plus de 300m en apnée dynamique monopalmes ! Début juillet, il a d’ailleurs été sacré champion du monde de la discipline à Belgrade (Serbie), dans une piscine de 50 mètres ! Soit 6 longueurs traversées par une apnée de 4,10 minutes, pour ce champion capable aussi de descendre dans les profondeurs des océans à… 123 mètres, à l’entraînement. « Et 113 mètres en compétition », précise-t-il.

De 6 à…9 litres !

Sur le plan physiologique, « la capacité pulmonaire est responsable d’environ 40% de la performance », évalue-t-il. La sienne est d’environ 6,2 litres, « supérieure à la normale par rapport à ma taille et mon poids ». En l’occurrence, 1.69 pour 74 kg. « Mais avec la technique de la carpe utilisée pour augmenter la pression dans les poumons, elle s’élève dans des proportions considérables, jusqu’à…9,4 litres ». Ce qui nécessite au passage, un entraînement conséquent au niveau des muscles ventilatoires pour être en mesure d’étirer et d’assouplir sa cage thoracique.

Gestion des émotions

 Quant aux 60% restants, ils se situent d’une part, au niveau de la technique, « pour se mouvoir dans l’eau de façon à consommer le moins d’oxygène possible », poursuit le champion. Et d’autre part, sur l’aspect mental : pour se « détacher de l’environnement » grâce à la méditation ou encore à la sophrologie et pour gérer les émotions ». Comme le stress, lorsqu’il s’agit notamment de s’aventurer dans les profondeurs avec les problématiques de gestion de la pression entre oreille interne et oreille externe…

Moins d’O2, plus de CO2…

 Monitrice d’apnée et vice-présidente de la commission nationale Apnée de la Fédération française d’études et de sports sous-marins (FFESSM), Olivia Fricker met également en avant le travail réalisé par les athlètes pour « abaisser la sensibilité au taux de CO2 dans le sang ». Elle explique : « notre respiration est déclenchée par l’atteinte d’un certain seuil de dioxyde de carbone (CO2). L’enjeu est donc de repousser les limites, grâce à l’entraînement, sans en arriver bien sûr à la syncope. Car en mode apnée, le taux de CO2 augmente et celui d’oxygène (O2), diminue… »

Jamais seul !

C’est la raison pour laquelle, si l’envie vous prend de réaliser quelques apnées cet été, en piscine ou dans l’océan :

  • « la grande règle est de ne jamais être seul», insiste-t-elle. Donc toujours être à deux ;
  • « l’idéal reste de s’initier auprès d’un professionnel, au sein d’un club par exemple ». Vous trouverez la liste des contacts sur le site de la FFESSM (https://apnee.ffessm.fr/), onglet Organisation puis Apnée en région.
  • Source : Interview Guillaume Bourdila et Olivia Fricker, 16 juillet 2024

  • Ecrit par : David Picot – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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