Déodorants : les sels d’aluminium, une cause de cancer du sein ?

12 octobre 2021

Une étude suisse et britannique pointe les sels d’aluminium comme responsables de l’augmentation des cancers du sein depuis 50 ans. Selon ce travail mené en laboratoire, ces substances pénètrent les cellules et altèrent les chromosomes. L’industrie cosmétique estime de son côté que les quantités contenues dans les déos sont bien en deçà d’une quelconque toxicité.

Publiée dans la revue Journal of Molecular Sciences, l’étude d’une équipe composée de chercheurs du Centre d’onco-hématologie d’Hirslanden Clinique des Grangettes à Genève (Suisse) et de l’Université d’Oxford, au Royaume-Uni, inquiète. Selon leurs travaux, les sels d’aluminium contenus notamment dans les déodorants antitranspirants augmenteraient le risque de cancer du sein. Ils seraient même, selon les scientifiques, à l’origine de la hausse importante de l’incidence de ces tumeurs depuis 50 ans, au point de les comparer au tabac ou à l’amiante.

Altérations chromosomiques

Pour parvenir à ce constat, les chercheurs ont analysé in vitro l’action de l’aluminium sur un large échantillon de 300 cellules. Ils ont constaté que cette substance pénétrait la cellule et déstabilisait le génome, c’est-à-dire l’ensemble des chromosomes et des gènes. Des altérations importantes dans le nombre et la structure des chromosomes survenaient en seulement 24 heures. Ce qui, d’après les auteurs, exposerait à un risque d’évolution des cellules mammaires (situées près de la zone d’application du déo) vers une forme maligne et donc un risque de cancer du sein.

Faible dose versus principe de précaution

La FEBEA (Fédération des Entreprises de la Beauté) réfute pour sa part ce constat en arguant que la quantité autorisée dans les produits cosmétiques ne permet pas à l’aluminium de pénétrer dans la cellule. « L’aluminium contenu dans les produits antitranspirants n’est pas absorbé par la peau, y compris la peau fraîchement rasée, n’est pas non plus stocké dans la peau, mais au contraire éliminé sur les vêtements, par desquamation naturelle de la couche cornée superficielle et lors du lavage », assure-t-elle sur son site.

Dans un communiqué, la Fondation des Grangettes souligne de son côté que ces résultats « devraient enfin convaincre les instances sanitaires de reconnaître formellement le risque que l’exposition chronique à l’aluminium représente pour la santé humaine et d’en restreindre l’utilisation dans l’industrie cosmétique ». Le débat ne semble pas prêt de se conclure.

  • Source : Journal of Molecular Sciences – FEBEA - la Fondation des Grangettes

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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