Fermes urbaines : des œufs trop pollués pour être mangés
21 novembre 2023
Ce 20 novembre, l’Agence régionale santé (ARS) Ile-de-France a recommandé de ne pas consommer d’œufs issus de poulaillers domestiques à travers 410 communes de la région parisienne. En cause : une contamination par des polluants.
En région parisienne, des milliers de poules pondent chaque jour des œufs dans des fermes urbaines, poulaillers particuliers, potagers partagés et autres jardins pédagogiques. Mais en ville, l’exposition à des polluants reste un sujet de préoccupation pour la sécurité alimentaire. A tel point que l’ARS Ile-de-France a recommandé ce 20 novembre d’éviter de manger ces œufs récoltés en plein air… pollué. Cette mesure avait déjà été annoncée au mois d’avril à la suite d’une enquête menée par l’ONG Toxicowatch dans les environs de l’incinérateur d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne).
Selon l’étude de terrain réalisée sur 25 sites, 410 communes* sont concernées dans toute l’agglomération parisienne, principalement la capitale et sa petite couronne.
Une problématique certes circonscrite mais qui concerne beaucoup de monde au regarde de la densité de population dans cette zone. « Si les femmes enceintes, les femmes allaitantes et les enfants sont particulièrement exposés, la recommandation vaut pour l’ensemble de la population des 410 communes concernées », confirme l’ARS.
POP, PB, PFAS
Dans le détail, « sur l’ensemble des échantillons analysés, seuls 2 seraient considérés conformes pour être commercialisés par rapport aux seuils établis par la réglementation européenne pour les œufs commercialisés ».
De quelles substances parle-t-on ? Les œufs récoltés dans des poulaillers domestiques sont exposés à une « contamination » par des « polluants organiques persistants » (POP). Il s’agit par exemple des dioxines et furanes, des polychlorobiphényles (PB) et des per et polyfluoroalkylées (PFAS). Autant de substances dégagées dans l’air ambiant du fait de l’activité humaine.
Des perturbateurs endocriniens ?
Comme le rappelle l’ARS, du fait de ces polluants, « la consommation régulière, soit plusieurs fois par semaine et pendant plusieurs années, d’œufs autoproduits dans des poulaillers de particuliers soumet les consommateurs à une surexposition par rapport à la population générale et donc à un risque accru de développer des effets pour leur santé ».
Les polychlorobiphényles (PB) sont par exemple connus pour altérer la fonction endocrinienne « pouvant initier des maladies chroniques et agir sur le développement des fonctions reproductives et immunitaires ».
*Paris et l’ensemble des communes de Seine-Saint-Denis, des Hauts-de-Seine, du Val-de-Marne, certaines communes de Seine-et-Marne, des Yvelines, d’Essonne et du Val-d’Oise.
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Source : ARS Ile-de-France, le 20 novembre 2023
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet