Hépatite E : des chiffres alarmants en France ?
11 septembre 2018
Kateryna Kon/shutterstock.com
Entre 2002 et 2016, le nombre de patients diagnostiqués pour une hépatite E (VHE) en France a fait un bond sidéral. Ces résultats sont-ils le fruit d’une propagation virale intense ou d’une meilleure connaissance de la maladie ?
Depuis 2002, l’incidence de l’hépatite E fait l’objet d’une importante surveillance. Un relevé des données effectué par le Centre national de référence (CNR) des virus des hépatites à transmission entérique (hépatites A et E) jusqu’à 2016. Sur cette période, « le nombre de personnes pour lesquelles des échantillons ont été adressés pour un diagnostic d’hépatite E a augmenté de façon exponentielle : 209 en 2002 contre 76 000 en 2016 », détaillent les auteurs du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH).
Le Sud* de la France, principalement « des hommes âgés de de 50 ans et plus en moyenne », est la région la plus affectée. En parallèle, « le nombre de personnes hospitalisées pour une hépatite E [est passé] de 57 cas en 2002 à 653 en 2017 ». Là encore, le Sud et les hommes de plus de 55 ans sont les plus impactés.
Des tests diagnostiques très efficaces
Mais comment expliquer cette hausse ? La majorité de ces infections trouvent leur origine dans « la consommation de saucisses de foie crues ou de porc ». En effet, le porc constitue la principale source de contamination du VHE en France.
Autre point, « à partir de 2010, des tests diagnostiques sérologiques plus sensibles et une meilleure connaissance de l’hépatite E ont entraîné une augmentation des cas autochtones ». Notons aussi une hausse « des propositions de dépistage dans le cadre du suivi hospitalier de patients immunodéprimés mis en place à partir de 2008 ».
Une maladie asymptomatique ?
Dans 60 à 98% des cas, l’hépatite E reste asymptomatique ou pauci-symptomatique, c’est-à-dire qui présente très peu de symptômes. Pour 68 à 86% des patients, un ictère** se déclare, comme c’est le cas pour l’hépatite A. Mauvais signe pour le foie alors surchargé en bilirubine. En moyenne, l’ictère caractérisé par un jaunissement de la peau, se déclare « après une incubation de 2 à 8 semaines ».
Aujourd’hui, l’enjeu est double pour améliorer la situation :
Sensibiliser la population au mode de cuisson à cœur des viandes de porcs, ainsi que « les produits à base de sanglier et de cerf » ;
« Axer la recherche sur les mesures de contrôle possibles de la circulation du virus de l’hépatite E dans les élevages porcins dans les pays industrialisés, afin d’en diminuer la transmission à l’Homme ».
*Provence-Alpes-Côte d’Azur, Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon, Rhône Alpes et Ile-de-France
**autrefois appelé jaunisse
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Source : Bulletin épidémiologique hebdomadaire, n°28, septembre 2018
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Dominique Salomon