Loi de santé publique: avis de salage…

25 mars 2004

La grande loi de santé publique en préparation, qui se donne entre autres ambitions celle de lutter contre l’hypertension artérielle, se heurte sur ce point à de puissantes actions de lobbying. Une histoire qui ne manque pas de sel…

L’objectif gouvernemental de réduction de l’hypertension artérielle (HTA) peut paraître ambitieux. A l’horizon 2008, il prévoit en effet de réduire de 5 mm de mercure la pression artérielle systolique moyenne chez les hypertendus. Et de 2 mm seulement dans la population normotendue. C’est pourtant beaucoup moins que les prescriptions de l’OMS et de nombreux pays européens… Toujours est-il que même cet objectif mesuré semble aujourd’hui compromis.

Pourquoi ? Parce que les actions prévues pour l’atteindre – ou faire semblant d’essayer – paraissent négliger le principal facteur d’élévation de la tension artérielle chez l’homme, à savoir ses apports alimentaires en sodium ! Dans des recommandations récentes, l’Académie nationale de Médecine et l’AFSSA rappelaient au gouvernement la nécessité d’obtenir ” une réduction progressive et modérée de la consommation de sel (20% en 5 ans) “. Pour y parvenir, les deux institutions suggéraient d’agir ” par l’information et la négociation avec les artisans, les industriels et les distributeurs concernés en faveur d’une réduction progressive du contenu en sel des aliments préparés “.

Bonne idée, malheureusement battue en brèche par les représentants de la grande industrie agroalimentaire. Lesquels se refusent toujours à un étiquetage informatif des produits préparés, pour informer les consommateurs à défaut de les éduquer… Les pressions en cours sont si fortes semble-t-il, que la dernière mouture du projet de loi ne retient plus que 4 des 5 facteurs dont l’influence sur la tension artérielle est reconnue: les apports en potassium par les fruits et légumes, le poids corporel, l’activité physique et la consommation d’alcool sont bien mentionnés comme des cibles à atteindre.

Rien en revanche sur l’apport en sodium des plats préparés. Lesquels sont responsables, selon La Revue Prescrire (Tome 24 n°248) des trois-quarts de l’apport en sel dans l’alimentation. Et la revue de s’inquiéter à bon droit de savoir comment les médecins pourront conseiller des patients dont l’apport en sodium variera de 1 à 10… sans même qu’ils aient la possibilité d’en être informés faute d’étiquetage informatif. La seule solution viable apparemment, ce serait de leur enjoindre d’éviter la consommation de tout plat préparé…

  • Source : Sentiweb Hebdo, 23 mars 2004

Aller à la barre d’outils