Médecine prédictive: devons-nous avoir peur?

26 octobre 2000

Il est aujourd’hui possible de prévoir que tel ou tel individu en bonne santé souffrira un jour d’une affection déterminée. Ce « miracle » de la médecine prédictive est très diversement apprécié et cette nouvelle discipline, si elle a ses zélateurs, compte aussi un nombre croissant de sceptiques, de critiques voire d’opposants déterminés.

Les médecins y voient la possibilité d’influencer le devenir de leurs patients alors même qu’ils ne sont pas malades. Le Pr Jean Dausset est l’inventeur du système HLA qui a permis d’identifier les critères de compatibilité tissulaire. Il a autorisé les premières percées dans le domaine des transplantations d’organes. Il est l’un des pères de la biogénétique et voit donc dans la médecine prédictive une chance pour l’Homme.

« A la longue, elle devrait changer la nature de la consultation médicale », a-t-il déclaré devant l’Académie nationale de Médecine. « Le médecin du XXIème siècle deviendra progressivement un conseiller. Il aidera ses ‘patients’ sains à le rester et à gérer longtemps leur capital santé comme on conseille la gestion d’un portefeuille. » Parviendrons-nous pour autant à une vie « longue, sans aucune détresse physique ni mentale, et qui se termine doucement vers cent, cent-vingt ans par la mort naturelle »?

Cela reste à prouver. Car l’inconnu précisément, c’est l’homme. Outre les médecins, bien d’autres professionnels s’intéressent hélas à la médecine prédictive. A commencer par les assureurs, qui affectionnent la réduction du risque… surtout pour eux-mêmes. L’inconnu précisément, c’est l’homme.

  • Source : WHO Bulletin, 200, 78 (2) 252-7

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