Fibromyalgie : comment mieux vivre avec la douleur ?

10 juillet 2025

La Haute Autorité de santé publie jeudi 10 juillet sa première recommandation sur le diagnostic et la prise en charge de la fibromyalgie chez l’adulte. Destinée aux professionnels de santé, son but est de favoriser l’écoute de la part des soignants et la reconnaissance de la douleur des patients. Qu’en retenir ?

La fibromyalgie est une maladie chronique reconnue par l’Organisation mondiale de la santé depuis 2019. En France, elle concernerait entre 1,5 et 2 % de la population, dont trois fois plus de femmes que d’hommes.

La douleur chronique diffuse et prolongée (au-delà de 3 mois) en constitue le principal symptôme. Souvent associée à d’autres signes, la fibromyalgie altère les capacités physiques, la réalisation des activités de la vie quotidienne, et la qualité de vie en général. S’y ajoutent fréquemment une fatigue importante, des troubles du sommeil, des symptômes anxieux, dépressifs ou cognitifs. L’intensité et la combinaison de ces manifestations varient d’un individu à l’autre et évoluent dans le temps.

Un patient reconnu dans sa douleur est un patient qui se soigne mieux

La Haute Autorité de santé (HAS) a été saisie par plusieurs associations de patients afin d’élaborer des recommandations sur la démarche diagnostique et les options thérapeutiques à destination des professionnels accompagnant des adultes atteints de fibromyalgie (médecins généralistes, infirmiers, kinésithérapeutes, rhumatologues, etc.). Premier objectif de ce document, aider les patients à mieux vivre avec la douleur. Il s’agit aussi de favoriser une meilleure compréhension des symptômes, de leurs répercussions, de la manière dont chacun peut s’impliquer dans son propre parcours de soins. Mais aussi de limiter le recours à des pratiques inefficaces ou potentiellement nocives !

10 points clés des recommandations, du point de vue des patients

– Le diagnostic de la fibromyalgie repose exclusivement sur la clinique, en l’absence de biomarqueurs spécifiques. Aucun examen biologique ou radiologique ne permet de le confirmer. Il repose donc sur l’examen clinique, l’écoute attentive du patient et l’utilisation d’outils d’évaluation standardisés (auto-questionnaires comme le FIRST (Fibromyalgia Rapid Screening Tool), questionnaire auto-administré d’impact de la fibromyalgie (QIF), critères diagnostiques des troubles anxio-dépressifs, etc.) ;

– L’annonce du diagnostic de fibromyalgie permet de reconnaître la souffrance exprimée et de légitimer la plainte. Le patient doit recevoir des explications claires et individualisées sur la maladie, ses mécanismes et les possibilités de traitement, afin de pouvoir s’impliquer et co-construire le parcours de soins avec les professionnels de santé ;

– La personne fibromyalgique peut demander à bénéficier d’interventions psychologiques spécialisées en cas de stratégies d’adaptation inadaptées telles que catastrophisme, propension obsessionnelle à travailler ou à s’occuper sans arrêt, comportements d’évitement. Cela permet d’agir sur les cognitions (pensées erronées, croyances), les émotions et les comportements ;

– La stratégie thérapeutique repose sur une approche graduée et individualisée. En première intention : l’activité physique pour la remise en mouvement, associée à un apprentissage de l’autonomie (activité physique adaptée, si besoin), des stratégies personnalisées d’autogestion (via des séances collectives d’éducation thérapeutique du patient), le soutien au maintien dans l’emploi et l’accompagnement de toutes les situations de vulnérabilité. Il s’agit éventuellement de simplifier les activités quotidiennes, les fractionner, alterner périodes d’activité et de repos ;

– Le médecin du service de prévention et de santé au travail (SPST) est un recours indispensable en cas de retentissement de la maladie sur le travail ou du travail sur la maladie (chercher des aménagements de poste, ou, si ça n’est pas possible, envisager des actions de formation et d’orientation professionnelle, une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH), voire une demande d’invalidité parfois transitoire) ;

– En seconde intention, les traitements médicamenteux, antalgiques usuels (paracétamol, voire anti-inflammatoires non stéroïdiens-AINS), doivent être initiés à faibles doses, avec une augmentation progressive et prudente, pour optimiser la tolérance et limiter les effets indésirables. Les antalgiques classiques sont réservés aux douleurs ponctuelles survenant de manière incidente. Jamais en traitement prolongé.

– Certains antidépresseurs et antiépileptiques peuvent être prescrits en traitement de fond pour les douleurs chroniques. Le recours aux opioïdes (tramadol…) pour les douleurs aiguës doit rester là aussi ponctuel et prudent, et exceptionnellement de manière prolongée après avis spécialisé au sein d’une structure de soins coordonnés.

– Les régimes alimentaires restrictifs (sans gluten, sans lactose, etc.) ainsi que la prise de compléments alimentaires (vitamines, minéraux, plantes, etc.) ne présentent aucun bénéfice prouvé dans la fibromyalgie, sauf en cas de carences diagnostiquées ou de troubles gastro-intestinaux. Une alimentation équilibrée et variée couvre les besoins réels. Il n’y a pas d’arguments en faveur ou en défaveur d’une alimentation méditerranéenne, végétarienne, végétalienne ;

– D’autres approches, sans effets secondaires ni risques pour la santé – telles que les soins thermaux, la relaxation, l’hypnose ou la méditation – peuvent être envisagées dans le cadre du projet de soins, à condition de respecter des modalités précises, d’assurer une formation adaptée des praticiens. Et de cesser la prise en charge en cas d’absence de bénéfice.

– En troisième intention, des techniques de neurostimulation peuvent être proposées après avis spécialisé (neurostimulation électrique transcutanée voire stimulation magnétique transcrânienne répétée ou stimulation transcrânienne à courant continu).

Pour en savoir plus : Fibromyalgie de l’adulte : conduite diagnostique et stratégie thérapeutique (HAS, 10 juillet 2025)

  • Source : HAS/ Fibromyalgie de l’adulte : Conduite diagnostique et stratégie thérapeutique RECOMMANDATION DE BONNE PRATIQUE - Mis en ligne le 10 juil. 2025

  • Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet

Destination Santé
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