Quelle santé pour les sans domicile ?

17 novembre 2015

Si l’image du sans domicile fixe renvoie immanquablement à celle de personnes dormant sous des cartons, la réalité est tout autre. Les enquêtes nationales menées par l’Insee en 2001 puis en 2012 révèlent en effet une augmentation et une diversification de ces populations. Notamment un accroissement des familles avec enfants. La dernière livraison du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) tente de faire le point sur leur état de santé. « Tente », car les données en la matière ne sont bien évidement pas exhaustives !

Toutes les recherches soulignent la grande hétérogénéité de ces populations sans domicile. Certaines sont hébergées par des proches, d’autres en hôtel social, dans des centres collectifs à la nuit ou à plus long terme, d’autres encore dorment dans la rue…

Autre idée reçue, loin de la totale désocialisation que certains imaginent parfois, ces personnes participent à la vie sociale de diverses manières. Certaines (un quart) occupe un emploi, d’autres fréquentent différents services publics ou associatifs, la plupart ont eu un contact avec le système de santé dans l’année… leur santé, justement parlons-en.

Une enquête menée auprès des personnes fréquentant les services d’hébergement ou de distribution de repas a ainsi permis d’appréhender leur ressenti concernant leur état de santé. Ainsi, 55% l’estime « bon » voire « très bon », et 22% « assez bon ». A l’inverse 23% le qualifie de « mauvais » ou « très mauvais ». Quel que soit l’âge, les femmes sans domicile se déclarent en moins bonne santé que les hommes.

La mauvaise perception repose sur différents marqueurs sanitaires dégradés. Ainsi :

  • Près de 24% des personnes déclarent être en partie édentés et 7% l’être totalement ou presque ;
  • 9% sont en sous poids et 17% sont obèses ;
  • Près d’un quart déclarent être atteints de dépression…

Exclus des soins ?

À la question « À quand remonte la dernière fois où vous avez vu un médecin (spécialiste ou généraliste) ? », 85% des interrogés déclarent avoir consulté un médecin dans l’année écoulée. Et ce même si leur faible protection sociale – en particulier leurs difficultés à bénéficier d’une couverture maladie complémentaire – complique leur accès aux soins.

Vous l’avez compris, cette étude atteste du fait que les publics sans domicile ne sont pas égaux face à la santé du fait même de leur hétérogénéité. « Ce constat n’est pas nouveau, même si cette diversité s’est accentuée ces dernières années avec une population sans domicile où les femmes, les familles et les étrangers sont davantage représentés qu’auparavant », concluent les rédacteurs du BEH. « Ce qui entraîne de nouveaux enjeux en matière de santé, notamment en termes de prévention ou de prise en charge. »

  • Source : BEH, 36-37, 17 novembre 2015

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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