Réforme: vers un patient responsable?

22 mars 2004

” Faut-il responsabiliser les patients? Si oui de quelle façon ? ” Ces deux questions qui figurent au coeur de la réforme du système de l’Assurance Maladie, sont revenues tel un leitmotiv au cours du dernier Medec.

Un patient dont le moins qu’on puisse dire est qu’il semble avoir bon dos! Toujours est-il que professionnels de santé, politiques, syndicalistes… tous se sont accordés à reconnaître qu’un malade responsable doit être avant tout informé. Une réalité bien loin d’être générale… d’autant que les protagonistes en question sont très loin de donner la même signification au terme information

Il y a d’abord, les éducateurs : Philippe Lamoureux est le Directeur général de l’Institut national pour la Prévention et l’Education en Santé, l’INPES. Un éducateur plus qu’un informateur. A ses yeux pour l’heure, les médecins ne remplissent pas ce rôle. Faute de temps. ” La durée moyenne d’une consultation est en effet de 10 à 12 minutes. Le temps de la consultation n’est donc pas celui de l’éducation “. Malgré tout se pose la question de savoir s’il revient vraiment aux professionnels de santé d’éduquer leurs patients…

Il y a encore plus ” vigoureux ” en matière d’éducation : ce sont les punitifs. Pour rendre le patient responsable, certains n’hésitent pas à évoquer une responsabilisation – ne vaudrait-il pas mieux dire une sanction? – financière. Pour Jacqueline Girona, Secrétaire générale du Conseil de l’Ordre des Sages-femmes, ” encore faudrait-il que le patient connaisse l’actuel coût de la santé. Celui de tel ou tel médicament ou d’une intervention chirurgicale? Actuellement, 9 sur 10 ignorent le prix de la santé. La carte Vitale a été une excellente chose mais elle a eu tendance à déresponsabiliser les gens“.

Dressage ou information ?
Pierre-Jean Lancry, Secrétaire général du Haut Conseil pour l’Avenir de l’Assurance Maladie n’est pas surpris. ” Car 5% des malades génèrent 60% des dépenses de l’Assurance Maladie. Beaucoup de gens ne se sentent donc pas concernés. Il leur faudrait connaître le prix des actes, mais cela ne suffit pas. Sous le terme de responsabilisation, la notion de culpabilité est sous-jacente “.

Le problème de fond, en réalité, n’a jamais été évoqué. Car plus que de dressage le malade a besoin d’information – au plein sens du terme – pour acquérir toute sa responsabilité. Or la France, toujours sous un régime réglementaire qui remonte à la fin des années 70, refuse à ses assurés sociaux le droit à recevoir des médias une information équilibrée sur les approches thérapeutiques, dès lors qu’elles relèvent de l’assurance maladie !

Au député du Bas-Rhin Yves Bur (UMP) qui s’est laissé aller à ” rêver ” – tout haut… – ” de patients qui demandent au médecin de prescrire moins de médicaments et les médicaments les moins chers “, on pourrait opposer la vision d’un malade informé, familiarisé avec les aspects économiques de la santé, et qui n’attendrait que les médicaments nécessaires. Et surtout ceux qui ont le meilleur rapport coût efficacité… Un rêve plus responsable et qui en vaut bien d’autres.

  • Source : de nos envoyés spéciaux au Medec 2004, Paris, 16-19 mars 2004

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