Un Libanais sur quatre souffrirait de troubles psychologiques
03 avril 2008
Pour la première fois, des chercheurs libanais se sont penchés sur l’état de santé mentale de la population du pays du Cèdre. Une population -moins de 5 millions d’habitants- confrontée depuis 33 ans à des guerres successives, des attentats et autres épisodes traumatisants. Un quart des adultes serait en état de souffrance.
L’équipe du Dr Elie Karam (hôpital Saint Georges, Beyrouth) a interrogé 3 000 adultes représentatifs de la population libanaise. Leur âge, leur état de santé mentale et le délai nécessaire à la mise en œuvre d’un traitement ont été pris en compte.
Il en ressort qu’un Libanais sur quatre a souffert, ou souffre aujourd’hui de problèmes psychologiques. Particulièrement de dépression. Et qu’un sur trois « développera un ou plusieurs troubles mentaux avant l’âge de 75 ans ». Si ces chiffres paraissent a priori élevés, ils se situent en fait « dans la fourchette observée dans le monde par l’Organisation mondiale de la Santé » précisent les auteurs.
Une bonne nouvelle donc, qui laisse à penser que les civils « tiennent » relativement le coup face aux déferlements de violence. Mais le risque de développer des troubles psychologiques est, quant à lui, bien majoré par les conflits violents : Il serait multiplié par 6 pour l’anxiété, par 3 pour les troubles de l’humeur et par 13 en ce qui concerne les troubles compulsifs !
Enfin pour ce qui est de la prise en charge des malades, le tableau est préoccupant : seul un malade sur deux recevrait un traitement adéquat… Et ce n’est pas le manque de professionnels de santé ou de structures adéquates qui serait en cause, mais plutôt les tabous associés aux pathologies mentales dans une société libanaise communautaire, très conservatrice.