Bientôt un « Bébé du double espoir » en France ?
15 octobre 2008
Né le 12 octobre dernier à l’hôpital Virgen del Rocio à Séville, Javier est le premier « bébé-médicament » espagnol. En France, la loi de bioéthique du 6 août 2004, précisée dans un décret du 23 décembre 2006 rend possible les naissances de ces nouveau-nés, plus joliment appelés « bébés du double espoir ».
Pourquoi cette expression ? Parce que non seulement, le petit ne sera pas porteur d’une maladie héréditaire mais en plus, son sang de cordon rendra possible une greffe pour sauver son grand frère ou sa grande sœur. Le point sur cette question qui fait débat.
FIV puis DPI. Comme ce fut le cas pour le petit Javier, tout commence par une fécondation in-vitro. Et cela au sein d’un couple qui présente un risque élevé de transmettre une maladie héréditaire grave et incurable à son enfant et plus généralement d’une famille concernée par une maladie héréditaire (Huntington par exemple).
Les embryons obtenus font alors l’objet d’un diagnostic préimplantatoire (DPI). A travers cet examen, les biologistes recherchent la présence de l’affection en question dans les cellules embryonnaires. L’objectif étant ensuite de ne réimplanter dans l’utérus de la mère, que les embryons indemnes de la maladie.
150 DPI par an. En France, le diagnostic préimplantatoire est autorisé depuis 1994. Environ 150 sont réalisés chaque année dans les trois centres habilités (Hôpital Arnaud de Villeneuve à Montpellier, Hôpital Antoine Béclère à Clamart et au Centre médico-chirurgical obstétrique de Schiltigheim). « Le chiffre est en augmentation » ces derniers temps, souligne le Pr François Thépot, adjoint au directeur médical et scientifique de l’Agence de la Biomédecine. « Au total, 193 couples ont été concernés en 2005. Et 220 en 2006 pour 46 naissances. J’insiste vraiment sur le fait que la stratégie française s’inscrit exclusivement dans une prévention de la maladie héréditaire », poursuit le Pr Thépot. « Contrairement aux autres pays , nous ne recourrons pas en France au DPI, pour améliorer les chances de réussite d’une FIV, ce qui n’a d’ailleurs jamais été prouvé dans les études ».
Bébés du double espoir : 6 dossiers en cours en France. La loi de bioéthique de 2004 permet également aux parents concernés de pouvoir « donner naissance à un enfant susceptible de soigner de façon décisive son aîné grâce aux cellules souches du sang de cordon ombilical ». Ainsi, dès sa naissance, le sang placentaire du petit Javier a-t-il été injecté à son frère, âgé de 6 ans et souffrant d’une forme grave d’anémie congénitale : une beta-thalassémie.
Le recours au DPI dans ce cadre reste bien sûr exceptionnel. Comme le précise François Thépot, à ce jour « six demandes sont parvenues à l’Agence de la Biomédecine : un dossier est en instruction et cinq ont reçu un avis favorable ». Le premier « bébé du double espoir » à naître en France, pourrait donc bientôt voir le jour.