Scorbut : en France, le nombre de cas en hausse chez les enfants depuis le Covid-19

21 décembre 2024

Le scorbut, que l’on croyait disparu, est de retour chez les enfants français depuis la pandémie de Covid-19. Associé à la précarité, il incarne un nouvel indicateur de disparités socioéconomiques et alimentaires.

On le croyait disparu, il est pourtant en nette progression en France ces dernières années. Le scorbut est une maladie provoquée par une grave carence en vitamine C (acide ascorbique), une vitamine indispensable à notre organisme mais qu’il ne produit pas et qu’il n’est pas non plus capable de stocker.

C’est normalement l’alimentation qui fournit régulièrement au corps humain la vitamine C dont il a besoin. En cas de carence profonde, le scorbut peut se déclencher en quelques mois, provoquant notamment de fortes douleurs articulaires, une grande faiblesse musculaire et des hémorragies. Sans prise en charge et un changement dans l’alimentation, le patient peut décéder d’une hémorragie ou d’une défaillance cardiaque.

Le scorbut avait pratiquement disparu depuis la fin du XXe siècle dans les pays à haut revenu, en Europe particulièrement. Mais selon une récente étude*, il est de retour chez les enfants en France. Celle-ci, dont les résultats ont été publiés dans la revue The Lancet Regional Health – Europe le 6 décembre 2024, s’est intéressée à l’augmentation des cas de scorbut en France chez les enfants depuis la pandémie de Covid-19.

Hausse de 34,5 % des cas de scorbut

Une période de neuf ans a été couverte avec deux sous-périodes distinctes ; la pré-pandémie de 2015 à 2020 et la post-pandémie de 2020 à 2023. La comparaison a ensuite été effectuée sur la base des données collectées à partir du système national PMSI (programme de médicalisation des systèmes d’information).

En tout, 888 patients de moins de 18 ans ont été hospitalisés, atteints de scorbut. « L’augmentation des hospitalisations est estimée à 34,5 % après le début de la pandémie de Covid-19, souligne l’Inserm dans un communiqué du 18 décembre. Par ailleurs, la hausse des cas de malnutrition sévère, estimée à 20,3 %, conforte le lien du scorbut avec une dégradation de l’état nutritionnel des enfants ». Selon les chercheurs l’augmentation significative des cas de scorbut et de malnutrition sévère était parallèle à une aggravation de la précarité et une hausse de l’inflation (+ 15 % au début de l’année 2023).

Si une relation de cause à effet n’est pas démontrée dans l’étude, celle-ci est jugée « plausible » par les chercheurs. « La réémergence du scorbut peut être liée à différentes causes incluant des facteurs environnementaux, sociaux mais aussi liés aux habitudes alimentaires. Il faut également souligner l’impact inattendu, de la pandémie et des crises socio-économiques et politiques mondiales qui l’ont suivie, sur l’aggravation de l’insécurité alimentaire. »

Comment protéger les enfants de la malnutrition ?

Trois recommandations sont formulées afin de protéger les enfants :

  • la mise en œuvre de programmes d’aide alimentaire ciblés
  • l’amélioration de l’accès à des aliments nutritifs et financièrement abordables
  • un renforcement de la formation clinique pour la prévention et la détection précoce des carences alimentaires.

Pour rappel, les aliments riches en vitamine C sont le kiwi, le litchi, la mangue, la papaye, la pêche, la fraise, les agrumes, le persil, le chou frisé, le poivron, le brocoli, le chou vert, le chou de Bruxelles…

* L’étude a été menée par les équipes du service de pédiatrie générale et du centre de référence des rhumatismes inflammatoires et maladies auto-immunes systémiques de l’enfant (RAISE) de l’hôpital Robert-Debré AP-HP, de l’Inserm, de l’université Paris Cité et du département de pédiatrie de l’hôpital Cayenne en Guyane, coordonnées par les Drs Zein Assad, Maelle Trad et le Professeur Ulrich Meinzer.
  • Source : Inserm, The Lancet Regional health Europe

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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