Massy : la bactérie n’a pas tué
30 août 2011
Klebsiella pneumoniae, la bactérie multi-résistante qui se propage actuellement à l’hôpital privé Jacques Cartier de Massy (Essonne) n’aurait pas entraîné la mort de 3 patients. « Ces derniers étaient porteurs mais ils n’étaient pas infectés », croit savoir le Pr Patrice Nordmann, depuis son Unité de Recherche INSERM « Résistances Emergentes aux antibiotiques », de l’hôpital de Bicêtre.
« K. pneumoniae est une bactérie responsable d’infections (urinaires et respiratoires) et d’infections opportunistes chez les malades hospitalisés (infections urinaires, broncho-pulmonaires, septicémies avec choc, …) », indique l’Institut de Veille sanitaire (InVS). La transmission est surtout manuportée.
Bien connue des médecins, elle représentait en 2001 déjà, « 3% des micro-organismes isolés d’infection nosocomiale“. (…) En France, le dernier épisode d’infections groupées remonte à juin 2004, « dans un service hospitalier de la région parisienne ». Six patients d’un même service de chirurgie avaient été infectés. Trois étaient décédés.
Limiter la transmission
A l’époque, la source de l’infection avait été retrouvée chez une patiente rapatriée de Grèce. Comme c’est le cas d’ailleurs pour l’épidémie actuelle à l’hôpital privé Jacques Cartier de Massy. A ce jour, la bactérie a été retrouvée dans le tube digestif de 18 patients. « Elle n’a pas directement tué les 3 patients en question qui n’étaient pas infectés. Ils étaient porteurs de la bactérie. Autrement dit, celle-ci était présente dans leur tube digestif comme des milliards d’autres bactéries », insiste le Pr Nordmann, qui ne minimise pas l’importance de l’affaire pour autant.
« En termes de santé publique, cela illustre surtout l’introduction progressive dans notre système de soins, de bactéries multi-résistantes contre lesquelles nous n’avons pas d’antibiotiques. Et il est clair que plus nous aurons de porteurs de cette bactérie, plus le nombre de patients infectés sera important ».
Voilà donc qui justifie, aux yeux du Pr Nordmann, les mesures prises par l’InVS pour limiter les risques de propagation de la bactérie. A savoir prévenir notamment toutes les personnes susceptibles d’avoir été en contact avec K. pneumoniae depuis la mi-2011.
Ce mardi en fin d’après-midi, l’ARS Ile-de-France précisait avoir envoyé qu’ « une lettre d’information a été envoyée par l’hôpital privé Jacques Cartier le 25 août 2011 aux patients hospitalisés dans le service de réanimation de l’établissement, entre le 4 juin et le 31 juillet 2011 ».
Elle précise également « le dépistage systématique de l’entourage et du personnel soignant en contact avec les personnes porteuses de la bactérie n’est ni nécessaire ni préconisé dans les recommandations scientifiques. En revanche, il est demandé aux patients « contacts » – c’est-à-dire hospitalisés dans ce service à cette période – de se signaler en cas de réhospitalisation quel qu’en soit l’établissement. Il s’agit là d’une mesure de précaution, un patient dit « contact » n’étant pas forcément porteur de la bactérie ».
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Source : Interview du Pr Patrice Nordmann, 30 août 2011 – Institut de Veille sanitaire, 22 juin 2004 – Le Parisien, 30 août 2011 - ARS Ile-de-France, 30 août 2011