Médicaments pour enfants : les nouvelles cibles de « Prescrire »

01 mars 2011

Après le buflomédil qui a, depuis, été retiré du marché, les rédacteurs de la revue Prescrire s’attaquent à deux « familles » de produits destinés aux enfants : les antitussifs (qui sont en fait des anti-allergiques dits ‘anti-histaminiques H1’) et des dérivés terpéniques. Disponibles sous forme de suppositoires ou de baumes notamment, ces derniers sont produits à base d’huiles essentielles et renferment de l’eucalyptol et du camphre. Le retrait du marché de ces deux classes de produits est instamment demandé…

Les antitussifs (anti-histaminiques H1). En 2010, l’AFSSaPS a procédé à la réévaluation de différents traitements appartenant à cette famille. Les molécules en question sont l’alimémazine, la chlorphénamine, l’oxomémazine, le piméthixène, la prométhazine et le méglumine. A la suite de ce travail, l’Agence avait décidé de contre-indiquer tous ces traitements chez l’enfant de moins de deux ans. Motif de cette décision, une « balance bénéfice/risque défavorable ».

« Ces médicaments n’ont pas d’intérêt démontré pour soulager la toux et ils exposent à de nombreux effets indésirables », estiment les rédacteurs de la revue. Ils évoquent notamment des cas de troubles neuropsychiques, de sédation et même le décès de certains enfants de moins de 6 ans. Aux Etats-Unis par exemple, la Food and Drug Administration (FDA) en a recensé 123 entre 1969 et 2006. La majorité serait liée à des surdoses accidentelles. Pour la revue Prescrire, « une contre-indication ne suffit pas. Pour protéger les patients, il vaut mieux tout simplement un retrait du marché des (antihistaminiques H1) commercialisés contre la toux ».

Les dérivés terpéniques. Derrière cette expression, se cachent de nombreux produits fabriqués à base d’huiles essentielles et contenant de l’eucalyptol et du camphre. « Pas d’efficacité clinique démontrée mais un risque de convulsions avéré », expliquent les rédacteurs. Avant de poursuivre : pour l’heure, « c’est aux professionnels de santé de protéger les patients, tant que les firmes et l’Agence du médicament n’auront pas totalement mis un terme à ce commerce ».

Le constat n’est pas nouveau. En 2004, le Vicks Babybalm®, un baume relaxant contenant du camphre a été retiré du marché, en raison de risques de convulsions. En août 2008, l’AFSSaPS avait émis une nouvelle alerte et prôné des recommandations aux industriels. Celles-ci visaient notamment à « ne pas introduire dans les produits cosmétiques destinés à des enfants de moins de 36 mois, du camphre, de l’eucalyptol et du menthol. Sont exclus les produits d’hygiène buccale contenant du menthol ». Deux ans et demi plus tard, il semble que ces recommandations n’aient guère été suivies…

  • Source : AFSSaPS, 5 août 2008 - La Revue Prescrire, mars 2011, Tome 31, n°29

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