Comment le tabac aggrave la grippe

26 novembre 2024

L’exposition à la fumée de cigarette est associée à de nombreuses maladies respiratoires. Et selon une nouvelle étude publiée dans la revue de l’American Society for Microbiology, cette fumée perturbe également la composition du microbiote intestinale et de l'oropharynx, aggravant ainsi la sévérité de la grippe.

Selon différents travaux, le fait d’être fumeurs augmente le risque de contracter la grippe, comparé aux non-fumeurs. Mais là ne s’arrêtent pas les risques puisque selon une équipe suisse, la cigarette aggraverait les symptômes grippaux. Et ce en passant notamment par le microbiote intestinal !

Des chercheurs de l’Université de Berne ont en effet démontré que l’exposition chronique à la fumée altère significativement les communautés microbiennes présentes dans l’intestin et l’oropharynx (région regroupant le voile du palais, les parois de la gorge, les amygdales et l’arrière de la langue) chez la souris.

Pour parvenir à cette conclusion, les scientifiques ont utilisé une approche innovante : transférer le microbiote de souris exposées à la fumée de cigarette vers des souris axéniques, soit totalement dépourvues de microbes. Ces dernières ont ensuite été infectées par le virus de la grippe A.

Les résultats sont parlants : les souris ayant reçu le microbiote infecté ont développé des symptômes plus sévères, caractérisés notamment par une perte de poids plus importante. L’infection virale a également entraîné des modifications de la composition du microbiote oropharyngé, particulièrement une semaine après l’infection.

« Ce n’est pas uniquement le tabagisme en soi qui impacte les maladies respiratoires », explique le Pr Markus Hilty, auteur principal de l’étude. « Nos données suggèrent que le dérèglement du microbiote induit par la cigarette joue également un rôle important dans le développement et la sévérité des infections respiratoires. »

Une découverte qui ouvre de nouvelles perspectives dans la compréhension des mécanismes par lesquels le tabagisme augmente la vulnérabilité aux infections respiratoires. Elle souligne aussi l’importance de considérer les perturbations du microbiote comme un facteur de risque de complication de la grippe.

  • Source : American Society for Microbiology

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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