Plainte pour fraude contre GSK : la pharmacie comme les cigarettes ?
11 juin 2004
C’est ” Au nom du Peuple de l’état de New York ” que son Procureur général auprès de la Cour Suprême, Eliot Spitzer, vient de déposer plainte contre GlaxoSmithKline (GSK) pour ” fraude répétée et persistante ” concernant l’un de ses médicaments phare.
La compagnie est accusée de dissimulation et/ou de falsification de données scientifiques relatives à la paroxetine. Cet antidépresseur a une importance considérable pour son producteur, puisqu’il aurait généré un marché supérieur à 500 millions de dollars au cours du seul premier trimestre 2004 ! Commercialisé en Amérique du Nord sous le nom de Paxil, il est disponible en France sous différentes appellations : Deroxat, Divarius et plusieurs génériques sous la dénomination commune de paroxetine.
L’acte d’accusation est conséquent et documenté. Sur 18 pages, le procureur y énumère les manquements commis à ses yeux par GSK, dans une apparente volonté de développer le marché de son médicament auprès des enfants et adolescents alors que sa prescription n’est pas autorisée aux moins de 18 ans. De nombreuses tentatives auraient été faites pour tourner cette ” difficulté “, en utilisant les visiteurs médicaux de la compagnie. Impossible à ce stade de parler de suppositions : plus de 2 millions de prescriptions de paroxetine ont été enregistrées aux Etats-Unis en 2002…
Est-il exact comme l’affirment les accusateurs, que GSK n’ait rendu publics que les résultats de certaines études chez l’enfant ? Particulièrement ceux relativement favorables mais magnifiés d’une seule étude, en dissimulant les données de 4 essais insatisfaisants ? Dans un communiqué publié sur son seul site global, la compagnie s’en défend. Son site en France fait en revanche un silence complet sur le sujet. Le groupe justifie ce silence en précisant que sa vocation est ” de ne diffuser que des informations franco-françaises. ”
Quoi qu’il en soit, l’affaire semble avoir définitivement quitté les limites de l’état de New York. Dans un éditorial à paraître le 12 juin, The Lancet établit un parallèle plutôt fâcheux avec les récents procès contre les producteurs de cigarettes. Il est probable que cette affaire renforce la position des tenants d’un enregistrement obligatoire de tout essai clinique. D’autant que les moyens techniques existent, et qu’ils sont garantis par l’OMS…