Une pêche durable ? Vraiment ?
01 septembre 2011
Les produits de la mer estampillés « pêche durable » ne sont pas toujours ce qu’ils prétendent être… En tout cas aux Etats-Unis, comme l’établit une étude génétique menée sur des légines australes vendues dans le commerce. Etant donné que nous vivons une mondialisation galopante, il est permis de se demander si ses résultats ne sont pas transposables « tels quels » de ce côté-ci de l’Atlantique…
La pêche durable, c’est comme l’agriculture du même nom… mais pour le poisson. Des produits de la mer certifiés « durables » proviennent normalement de zones où le poisson est abondant et où sa pêche ne risque pas de mettre la ressource en péril. Il peut également s’agir de poissons d’élevage, dont il est alors garanti que ce dernier est mené dans des conditions acceptables. C’est ce que recherchent beaucoup de consommateurs, préoccupés par l’avenir de la planète et de ses océans.
Pour reconnaître ces produits, les acheteurs américains mais aussi de plus en plus, de Français, font confiance au label MSC (Marine Stewardship Council). Cette organisation internationale est en effet dédiée à la reconnaissance du poisson provenant de la pêche durable.
Des légines… pas si australes qu’elles n’en ont l’air
Malheureusement, l’écaille ne fait pas – toujours – la légine… L’équipe du Pr Peter Marko, biologiste à l’université de Clemson en Caroline du Sud (Etats-Unis), l’a montré en analysant l’ADN de légines australes vendues dans le commerce. En effet, la seule population de légines australes qui ne soit pas mise en danger par la pêche – et donc la seule à pouvoir bénéficier du label MSC – nage dans les eaux entourant l’île de Géorgie-du-sud au Chili, toute proche du continent Antarctique. Et cette population partage des caractéristiques génétiques qui permettent de la distinguer de toutes les autres populations de légines.
En analysant les échantillons d’ADN des poissons vendus dans le commerce, les chercheurs ont découvert des traces de populations venant… de l’autre côté de la planète. Précisément de l’Océan Indien, de certaines eaux sud-américaines, et même d’espèces radicalement différentes !
« L’explication la plus simple est que des légines australes venant de zones de pêche non durables, et des espèces différentes sont introduites (de manière illicite) dans la filière certifiée MSC » explique Peter Marko. Il est difficile de garantir l’origine géographique des poissons. La MSC entre autres, y travaille. Et des études ADN comme celle-ci peuvent servir de modèle. D’ici là, le seul moyen de ne pas consommer de légines australes provenant de populations en danger… est de ne pas en consommer du tout.