Cholestérol : l’efficacité du traitement dépend du médicament… mais aussi du malade !

06 mars 2003
Même si l’importance de cette classe de médicaments est unanimement reconnue, les participants du dernier congrès de la Société française de Cardiologie à Paris, se sont accordés à reconnaître que « les statines n’ont pas fini de nous étonner ». Cela étant pour éviter de se retrouver allongé sur un brancard à l’institut médico-légal, comme le montrent certaines pubs qui ne font pas dans la dentelle, il ne suffit pas de faire mesurer son taux de cholestérol ! Encore faut-il se traiter sérieusement, et suivre scrupuleusement les indications de son médecin… Depuis la publication en 1994 de l’étude 4S , ces médicaments sont connus pour faire baisser le taux de cholestérol. Car ils bloquent un enzyme, l’HMG-CoA réductase qui joue un rôle primordial dans l’équilibre du cholestérol et des graisses. Ils ont ainsi prouvé qu’elles sauvent des vies, en agissant sur un mécanisme très profond. Comme l’explique le Dr Pascale Benlian (CHU Saint Antoine de Paris), « la baisse du taux de cholestérol sanguin n'est que la surface des choses. Agir sur l'HMG-CoA réductase, c'est agir sur le développement même de l’athérosclérose, sur des mécanismes importants que l'on ne peut pas forcément mesurer ». Une réduction globale du risque vasculaire ! Cet enzyme en fait, est présent dans tous les tissus de l'organisme. Et si les statines ont en commun de l'inhiber, « toutes n’agissent pas de la même manière. Cela dépend de la pharmacocinétique (du comportement dans l’organisme, n.d.l.r.) de chaque produit. Il existe donc de petites différences de l’un à l’autre ». Ce qui explique par exemple, pourquoi les problèmes qui ont entraîné le retrait du marché de la cérivastatine n’ont pas été observés avec d’autres. Ce qui explique aussi, que certains de ces médicaments aient des effets supérieurs à d’autres. Les mécanismes de régulation qui interviennent à ce niveau sont extrêmement complexes. Mais les participants au congrès de Paris ont souligné que « le gain clinique particulièrement important de l'emploi des statines a été étendu par l'étude HPS ». Publiée en juillet 2002, l’étude HPS – ou Heart Protection Study – a été menée à la demande de la Sécurité sociale britannique pour évaluer l’efficacité d’un traitement au long cours par la simvastatine, qui avait inauguré voici plus de 15 ans la génération des anticholestérol actuels. Etude concluante, puisque après 5 ans de traitement quotidien « la simvastatine apporte une réduction globale du risque vasculaire de 24%., (…) quel que soit le niveau initial de LDL-cholestérol. » L’intérêt du traitement est donc considérable. Mais sa pleine efficacité repose sur le respect scrupuleux de la prescription du médecin, et le suivi pas à pas de l'évolution du LDL-cholestérol. Pour la Société française de Cardiologie en effet, « L'absence de dosage du LDL-cholestérol au cours du traitement équivaut (…) à ne pas surveiller le niveau tensionnel d'un patient après l'introduction d'un traitement antihypertenseur ! » Comprendre Vous avez trop de cholestérol ? Ne mettez pas la charrue avant les bœufs... A force de négliger les conseils d’hygiène alimentaire et de vie qu’on vous donnait, vous avez dépassé les limites autorisées... par la biologie. Votre médecin, constatant que votre taux de cholestérol était trop élevé compte tenu de votre état de santé, a prescrit 6 mois de régime pour le faire baisser. Prenez très au sérieux son avertissement. Car, le cholestérol est le principal responsable de l’athérosclérose, laquelle se trouve à l’origine de presque 30% des morts d’origine cardio-vasculaire. Ensuite, ne cédez ni à la panique, ni au découragement. Evitez les régimes tout faits qui font tout, précisément, sauf des miracles. Ils sont généralement hypocaloriques, mais pas forcément hypocholestérolémiants. Aussi allez-vous peut-être perdre du poids alors que vous n’en avez pas besoin, sans pour autant normaliser votre taux de cholestérol. Ecoutez donc votre médecin et suivez ses conseils pour rééquilibrer votre alimentation sans vous heurter à d’interminables listes d'interdits qui ne feraient que vous démotiver. Le choix du régime qui vous convient relève d’une analyse médicale : peut-être avez-vous d’autres problèmes que votre taux de cholestérol. D’hypertension artérielle ou de diabète, par exemple. Votre mode de vie aussi entre en ligne de compte. Travaillez-vous de façon sédentaire dans un bureau ou bien en plein air ? Voyagez-vous fréquemment, sur de longues distances et avec des décalages horaires qui perturbent votre métabolisme ? Faites-vous du sport sur le terrain ou devant votre poste de télévision... ? Vous devez discuter tous ces aspects avec votre médecin. Il vous expliquera comment manger moins gras et, surtout, manger les bonnes graisses. Vous ferez ainsi un grand bout de chemin et, si ce n’est pas suffisant, un traitement médicamenteux pourra vous aider à faire le reste. Mais c’est dans cet ordre qu’il faut procéder, faute de quoi vous déplacerez le problème sans le résoudre.
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