La fish pedicure plonge en eaux troubles

25 avril 2013

Le Garra rufa appartient à la famille des Cyprinidae et au genre Garra. Il mesure entre 3 et 4 cm de long. ©KatieC

« Il n’est pas possible de maintenir cette activité en l’état sans un changement profond et rigoureux des pratiques », déclare l’Agence nationale de Sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES). L’activité en question est la fish therapy, une offre de soins de pédicure basé sur l’action de… poissons !

De quoi s’agit-il ? « Cette pratique est actuellement en pleine expansion en France, comme en témoignent l’ouverture de nouveaux centres (salons d’esthétique, centres de bien-être, spas…) ainsi que de nombreuses actions de communication », explique l’ANSES.

Dans les faits, le client plonge ses pieds dans un bassin rempli d’eau et de… Garra rufa, un petit poisson à la silhouette mince et allongée, originaire d’Asie. Cette espèce est bien connue des aquariophiles qui l’utilisent comme « poissons nettoyeurs ».

Les promoteurs de la fish pedicure vantent les vertus exfoliantes du Garra rufa – autrement dit, leurs capacités à détacher les peaux sèches – et de bien-être. Mais aussi dans certains cas, « des allégations thérapeutiques comme la ‘régulation du flux sanguin’, le ‘traitement du psoriasis et de l’eczéma’ », ajoute l’ANSES.

Un risque infectieux ?

Il y a quelques semaines, la Direction générale de la Santé (DGS) a demandé à l’agence sanitaire « une évaluation des éventuels risques sanitaires que cette pratique pourrait faire courir aux usagers ». Pour l’heure en effet, « la fish pedicure n’est encadrée en France par aucune réglementation sanitaire. »

Les conclusions de l’ANSES sont limpides : elle estime que « malgré l’absence de cas d’infection documenté, le risque de  transmission interhumaine ou zoonotique par le biais de l’eau ou des poissons (…) n’est pas nul (…) »

Pour appuyer l’existence de ce risque, elle fait notamment référence à « l’impossibilité de maintenir une eau désinfectante dans les bacs, en raison de la présence des poissons ». Mais aussi au fait que « la pratique puisse attirer plus particulièrement des sujets avec une hyperkératose, augmentant d’une part le risque de contamination de l’eau et présentant, d’autre part, une sensibilité accrue aux infections ». L’ANSES recommande donc un encadrement réglementaire strict de cette pratique.

Ecrit par : David Picot

  • Source : avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail relatif à l’analyse des risques sanitaires liés à la pratique d’immersion des pieds dans un bac d’eau contenant des poissons de l’espèce Garra rufa, avril 2013

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