45 ans : l’âge du déclin ?
06 janvier 2012
Mémoire, raisonnement, fluidité verbale… Avec l’âge, nos capacités cognitives tendent à diminuer. Voilà qui n’est pas nouveau. Mais à partir de quel âge se dégradent-elles ? Soixante ans comme le suggèrent plusieurs auteurs ? Des chercheurs français, anglais et américains ont tranché : nos performances cognitives déclineraient dès l’âge… de 45 ans !
Dans le cadre de l’étude de cohorte Whitehall II, les scientifiques (INSERM, University College de Londres, Harvard School of Public Health de Boston) se sont penchés sur les dossiers médicaux de 7 390 fonctionnaires britanniques. Les quelque 5 198 hommes et 2 192 femmes, âgés de 45 à 70 ans au début de l’étude – en 1997 – ont été suivis pendant 10 ans. Durant cette période, les fonctions cognitives des sujets de Sa Majesté ont été évaluées à trois reprises. Des tests individuels ont ainsi permis d’examiner la mémoire, le vocabulaire, le raisonnement et la fluidité verbale.
Résultat : d’une manière générale, les auteurs confirment une diminution des performances cognitives, avec le temps. Et ces dernières – à l’exception toutefois du vocabulaire – déclinent d’autant plus rapidement que les sujets sont âgés.
La surprise vient toutefois de l’âge auquel sont observés les premiers signes du déclin. C’est ainsi qu’aux tests de raisonnement, le taux de réussite a diminué de 3,6 % chez les hommes, entre 45 et 49 ans ! Puis de 9,6 % entre 65 à 70 ans. Cette dégradation apparaît moins marquée chez les femmes avec des chiffres respectifs de 3,6 % et de 7,4%.
« Un esprit sain… »
D’une manière générale, le déclin cognitif débuterait donc dès 45 ans. « Des études récentes avaient pourtant conclu qu’il y avait peu d’arguments en faveur du déclin cognitif avant l’âge de 60 ans », expliquent les auteurs.
Ces derniers assurent que « les différences en matière de niveau d’éducation ont été prises en compte au cours de ce travail ». En revanche, qu’en est-il d’autres facteurs extérieurs comme les habitudes de lecture voire l’âge de départ à la retraite ? Dans quelle mesure agissent-t-il sur le déclin cognitif ? « Nous n’avons pas regardé l’effet ‘retraite’ dans ce papier », nous a précisé Archana Singh-Manoux du Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (Villejuif) de l’INSERM.
En revanche, les auteurs insistent sur l’importance d’adopter et de conserver un mode de vie sain. En effet, comme le suggèrent des études récentes, « ce qui est bon pour notre cœur l’est aussi pour notre tête», ajoutent-ils.
«Déterminer l’âge auquel le déclin cognitif débute est important » conclut Archana Singh-Manoux « Car des interventions comportementales ou pharmacologiques sont probablement plus efficaces si elles sont appliquées dès le début. Alors que l’espérance de vie continue à augmenter, comprendre le déclin cognitif lié à l’âge est l’un des défis du XXIème siècle ».