Cancers du foie : le nombre de cas devrait doubler d’ici 2050 sans mesure urgente

30 juillet 2025

De sombre pronostic, très invalidant, le cancer du foie continue de progresser dans le monde. Pourtant près de 60 % des cas sont dus à des causes évitables, hépatite virale, consommation d’alcool et obésité. Les experts du Lancet appellent à une prise de conscience mondiale.

Le cancer du foie est le sixième cancer le plus fréquent et la troisième cause de décès par cancer dans le monde. Selon une étude d’experts internationaux réunis au sein de la commission cancer du foie de la prestigieuse revue The Lancet, le nombre de cas de cancers du foie devrait doubler d’ici 2050.

« Le cancer du foie est un problème de santé croissant dans le monde. C’est l’un des cancers les plus difficiles à traiter, avec des taux de survie à cinq ans compris entre 5 % et 30 % environ. Nous risquons de voir le nombre de cas et de décès par cancer du foie quasiment doubler au cours du prochain quart de siècle si aucune mesure urgente n’est prise pour inverser cette tendance », prévient le président de la Commission, le professeur Jian Zhou, de l’Université Fudan (Chine) dans un communiqué du 28 juillet. En effet, 60 % des cancers du foie dans le monde pourraient être évités grâce à la réduction des facteurs de risques, soit les hépatites virales (B et C), la consommation d’alcool et la stéatose hépatique métabolique (MASDL).

La maladie du foie gras, un risque en constante augmentation

Cette dernière inquiète tout particulièrement les experts. Selon leurs projections, la proportion de cancer dont elle sera responsable augmentera de 35 % d’ici 2050 (responsable actuellement de 8 % des cancers du foie, le chiffre devrait grimper à 11 % en 2050). Pour rappel, la stéatose hépatique métabolique (foie gras non alcoolique) se caractérise par une accumulation de graisse dans le foie. Les auteurs de l’étude appellent à une sensibilisation accrue du public, notamment aux Etats-Unis, en Europe et en Asie, où les taux de diabète de type 2 et d’obésité, principaux facteurs de risque de la MASDL, sont en constante augmentation. Exemple aux Etats-Unis, où « la prévalence de la MASLD continue d’augmenter parallèlement à l’épidémie d’obésité ; d’ici 2040, plus de 55 % des adultes américains pourraient être atteints de MASLD », notent les experts.

Selon eux, un tiers de la population mondiale souffre d’une stéatose hépatique métabolique et 20 à 30 % des patients développeront une stéatohépatite associée à un dysfonctionnement métabolique (MASH). Forme sévère de la MASDL, la graisse continue à s’accumuler et le foie devient le siège d’une inflammation chronique, l’hépatite.

Pour un dépistage des lésions hépatiques chez les patients à risque

Les experts proposent « d’introduire le dépistage des lésions hépatiques dans les pratiques de santé courantes pour les patients à haut risque de MASLD, tels que les personnes souffrant d’obésité, de diabète et de maladies cardiovasculaires ». Ils estiment également nécessaire de mobiliser les professionnels de santé afin qu’ils diffusent plus largement les conseils pour une alimentation saine et une activité physique régulière. Ils attendent aussi des décideurs politiques une taxation des produits sucrés et un étiquetage clair des produits trop gras, trop salés et trop sucrés.

Et bien que les cancers du foie liés aux hépatites virales reculent très progressivement, elles demeurent parmi les principaux facteurs de risque. Aussi, les experts militent pour une hausse de la vaccination contre le virus de l’hépatite B, notamment en la rendant obligatoire dans les pays où le nombre d’infections est élevé. Ils plaident également pour la mise en œuvre du dépistage universel du VHB pour les adultes de 18 ans et plus, parallèlement au dépistage ciblé du VHC dans les zones à haut risque. Quant à l’alcool, sa vente devrait faire l’objet d’un encadrement plus drastique.

Pour la Pre Valérie Paradis (Hôpital Beaujon à Clichy), auteure de la commission, « il est urgent de sensibiliser la société à la gravité du problème sanitaire croissant que représente l’augmentation des cas de cancer du foie. Comparé à d’autres cancers, le cancer du foie est très difficile à traiter, mais présente des facteurs de risque plus spécifiques, qui contribuent à définir des stratégies de prévention spécifiques. Grâce à des efforts conjoints et continus, nous pensons que de nombreux cas de cancer du foie peuvent être évités et que la survie et la qualité de vie des patients atteints de cancer du foie seront considérablement améliorées. »

  • Source : The Lancet

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

Destination Santé
Résumé de la politique de confidentialité

Ce site utilise des cookies afin que nous puissions vous offrir la meilleure expérience utilisateur possible. Les informations sur les cookies sont stockées dans votre navigateur et remplissent des fonctions telles que vous reconnaître lorsque vous revenez sur notre site Web et aider notre équipe à comprendre quelles sections du site Web vous trouvez les plus intéressantes et utiles.

Plus d'informations sur notre politique de cookies sur nos CGU.

Aller à la barre d’outils