A quand la fin du «braconnage» des infirmières et sage-femmes ?

04 juin 2003

« Nous sommes confrontés à un braconnage massif de nos personnels les plus qualifiés par les pays les plus riches. Et malgré nos efforts intensifs de formation, 50% de nos postes infirmiers restent à pourvoir. » En Afrique, le problème n’est pas neuf.

Mais il tend à prendre les proportions d’une crise aiguë et cela, dans un nombre croissant de pays en développement. Ainsi cette plainte du délégué du Zimbabwe, lors de l’Assemblée mondiale de la Santé à Genève, n’était-elle pas unique en son genre, tant s’en faut !

Cette pratique est en effet monnaie courante – l’expression tombe ici à point nommé… – de la part de pays nantis qui cherchent à combler leur propre déficit en personnel infirmier, et cela aux dépends des plus démunis. En Tanzanie par exemple, plus de 70 infirmières ont émigré en un an vers des pays où elles étaient mieux rémunérées, et où les conditions de travail étaient plus attractives. La délégation des îles Fidji, excédée par ces pratiques, en a appelé à l’OMS « pour mettre en place une convention internationale qui mettrait fin à ce marché parallèle ».

Le 26 mai dernier, plus d’une quarantaine de pays ont ainsi mis les pieds dans le plat : l’assemblée mondiale de la Santé consacrait une session au « Renforcement des soins infirmiers et obstétricaux. » Un enjeu vital pour des populations qui en dépendent pour les soins de santé primaire et l’assistance médicale de proximité. Dans ce concert où se sont fait entendre plusieurs pays développés dont les Etats-Unis et la Belgique, le silence de la France a été particulièrement assourdissant. Car le pays se trouve lui aussi, confronté à une grave crise infirmière. Une crise qu’il résout… en recrutant dans ses îles d’Outre-mer ou chez ses voisins de l’Union européenne. En Espagne par exemple…

  • Source : de nos envoyés spéciaux à Genève, 26 mai 2003

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