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On l’appelle l’inflammaging ou inflammation liée à l’âge. Il s’agit d’une inflammation chronique liée au vieillissement, responsable d’une baisse de la santé globale, d’un moins bon fonctionnement des organes, d’une augmentation des risques de souffrir de maladies comme les cancers, le diabète, Alzheimer… On pensait cette inflammation liée à l’âge universelle mais une étude, publiée lundi 30 juin dans Nature Aging, vient remettre cette croyance en question.
L’étude italienne InCHIANTI a révélé 19 cytokines, des molécules sécrétées par le système immunitaire, comme biomarqueurs de l’inflammation liée à l’âge. Une équipe de chercheurs de Columbia University Mailman School of public health a voulu savoir si ces mêmes marqueurs pouvaient être généralisés à d’autres populations industrialisées, à Singapour, et à deux autres populations autochtones non industrialisées ; les Tsimané de Bolivie et les Orang Asli de Malaisie. Résultats ? Si la signature biologique de l’inflammaging était similaire entre les deux cohortes des pays industrialisées, elles ne se retrouvaient pas chez les groupes autochtones non-industrialisés. Chez eux, l’inflammation était influencée par les infections et absolument pas par l’âge.
« Dans les environnements industrialisés, nous observons des liens clairs entre l’inflammation et des maladies comme l’insuffisance rénale chronique, a déclaré l’auteur principal, Alan Cohen, professeur agrégé de sciences de la santé environnementale à la Columbia Mailman School dans un communiqué. Mais dans les populations présentant des taux d’infection élevés, l’inflammation semble davantage refléter le fardeau des maladies infectieuses que le vieillissement lui-même. »
D’ailleurs si les populations autochtones présentaient des niveaux élevés d’inflammation, parfois même chez de jeunes adultes, ceux-ci n’augmentaient pas avec l’âge et n’entraînaient pas non plus les maladies chroniques que l’on connaît dans les sociétés industrialisées.
Ainsi 66 % des Tsimané souffraient d’au moins une infection parasitaire et 70 % des Orang Asli présentaient au moins une infection persistante. Mais chez eux, les marqueurs inflammatoires n’étaient pas liés aux maladies chroniques. Ces maladies – diabète, maladies cardiovasculaires, maladies neurodégénératives – sont rares voire absentes chez ces populations. « Ces résultats remettent sérieusement en question l’idée selon laquelle l’inflammation est néfaste en soi », a commenté Alan Cohen
L’étude remet aussi en question l’hypothèse de biomarqueurs universels du vieillissement. Selon ces résultats, le processus de vieillissement immunitaire serait spécifique au mode de vie, aux expositions environnementales et aux infections. Et pas au fait de vieillir. « L’inflammaging pourrait ne pas être une conséquence directe du vieillissement, mais plutôt une réponse aux conditions (de vie) industrielles. » Comprendre comment l’ensemble de ces éléments interagissent pourrait être une piste pour l’élaboration des stratégies sanitaires efficaces à l’échelle de la planète.
Source : Nature aging, Colombia university
Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet