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Bien utilisée, la climatisation améliore nettement le confort en période de fortes chaleurs. Mais dans certaines conditions, elle peut aussi devenir source d’inconforts ou de problèmes respiratoires, en particulier chez les personnes fragiles.
L’un des premiers effets indésirables tient à la sécheresse de l’air. En abaissant l’humidité ambiante, la climatisation assèche les muqueuses du nez, de la gorge ou des yeux, ce qui favorise irritations, toux sèche ou sensation de gêne. Faisant le lit des angines et autres rhumes.
Autre écueil fréquent : les écarts de température trop marqués entre l’extérieur et les espaces climatisés. Ces chocs thermiques peuvent provoquer des maux de tête, des frissons ou des tensions musculaires, notamment au niveau de la nuque et du dos. Dans des cas extrêmes, des écarts très importants de température peuvent provoquer une vasoconstriction brutale. Cette réaction du système vasculaire peut, chez certaines personnes, entraîner un malaise voire une perte de connaissance. L’arrêt cardiaque est cependant rarissime dans ce contexte.
La qualité de l’air diffusé dépend également de l’état du système. « Si les filtres ne sont pas nettoyés régulièrement, met en garde le Dr le Guillou, ils peuvent accumuler poussières, moisissures ou bactéries, ensuite dispersées dans l’air intérieur. Dans de rares cas, certaines infections comme la légionellose ont été associées à des systèmes de climatisation mal entretenus. »
La légionellose est une infection pulmonaire provoquée par une bactérie appelée Legionella pneumophila qui peut se développer dans les systèmes de climatisation mal entretenus, notamment dans les tours de refroidissement (celles utilisant l’eau, comme dans les hôpitaux, etc.). Lorsqu’elle est dispersée dans l’air sous forme de fines gouttelettes, elle peut être inhalée, provoquant une pneumopathie souvent sévère.
De manière générale, une ventilation insuffisante, dans des lieux clos, peut aussi favoriser la circulation de virus.
De plus, certains appareils peuvent concentrer les allergènes ou les remettre en suspension, en brassant l’air dans des pièces insuffisamment aérées. Poussières, acariens, spores de moisissures, poils d’animaux : ces polluants intérieurs peuvent alors déclencher ou aggraver des réactions allergiques.
Certaines personnes sont effectivement plus sensibles aux effets de la climatisation. « C’est le cas de celles dont les muqueuses sont fragiles, notamment en cas d’allergies, d’asthme ou de sinusite, rappelle le pneumologue. L’air sec ou les allergènes en suspension peuvent accentuer leurs symptômes. Un système immunitaire affaibli rend également plus vulnérable aux agents infectieux que peut véhiculer un dispositif mal entretenu. Les personnes atteintes de maladies respiratoires chroniques, comme la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), ou celles sensibles aux variations de température, sont aussi plus exposées aux effets indésirables. » Enfin, les enfants et les personnes âgées, du fait de leur régulation thermique moins efficace ou de la fragilité de leurs muqueuses, sont particulièrement réactifs à une atmosphère trop froide. Une exposition prolongée à un air climatisé mal réglé, a fortiori sans hydratation suffisante, peut aggraver ces réactions.
Pour limiter les effets indésirables liés à la climatisation, quelques mesures simples peuvent être mises en place :
– la température intérieure doit rester modérée, avec un écart idéal de 5 à 7 °C par rapport à l’extérieur, jamais plus de 10 °C ;
– il faut orienter le flux d’air froid vers le plafond plutôt que directement sur les personnes ;
– utiliser des filtres ayant une bonne performance sanitaire (ex: HEPA) comme le mentionne le ministère de la santé ;
– un entretien régulier du système est indispensable : les filtres doivent être changés et nettoyés fréquemment pour éviter l’accumulation de poussières ou de micro-organismes.
– l’UFC Que choisir conseille de dépoussiérer les bouches d’air avec de l’eau savonneuse. Bien qu’aucune obligation d’inspection ni de contrat d’entretien n’existe pour les climatiseurs grand public (seules les puissances supérieures à 12 kW ou les appareils contenant plus de 4 kg de fluide frigorigène sont concernés), faire contrôler son système (hors clim portative) par un professionnel tous les deux ans est recommandé ;
– une bonne ventilation est également nécessaire pour éviter la stagnation de l’air et réduire les risques de transmission virale ;
– faire fonctionner l’appareil sur “tout air neuf”, et non pas sur “recyclage partiel ou total de l’air” ;
– il est aussi recommandé de boire régulièrement afin de compenser le dessèchement lié à l’air sec.
En résumé, « la climatisation ne provoque pas directement de maladies, rassure le Dr Frédéric le Guillou, mais certains facteurs comme un mauvais entretien, un air trop sec ou une sensibilité individuelle peuvent entraîner divers symptômes. Les personnes allergiques, asthmatiques ou atteintes de troubles respiratoires doivent redoubler de vigilance, car elles y sont plus sensibles. »
A noter : un arrêté des ministres chargés de la construction et de l’énergie définit les conditions de régulation des systèmes de refroidissement. Dans les locaux dans lesquels est installé un système de refroidissement, celui-ci ne doit être mis ou maintenu en fonctionnement que lorsque la température intérieure des locaux dépasse 26 °C.
Pour en savoir plus sur les personnes vulnérables vis-à-vis de la qualité de l’air : Santé respiratoire France
Source : Interview du Dr Frédéric le Guillou, président de l’association Santé respiratoire France (02 juillet 2025) ; UFC Que Choisir (consulté le 02/07/25) ; Santé.gouv.fr (consulté le 02/07/25)
Ecrit par : Hélène Joubert - Edité par Emmanuel Ducreuzet