Adhérences post-opératoires : peut-on prévenir ce risque fréquent ?

19 janvier 2016

Conséquences très fréquentes de la chirurgie abdominale et gynécologique, les adhérences post-opératoires (lorsque deux organes se collent ensemble) peuvent être à l’origine de douleurs extrêmement pénibles et de complications parfois graves. Et pourtant, leur existence est méconnue des Français et leur prise en charge insuffisante. Explications avec le Pr Fabrice Lecuru, chirurgien gynécologue à l’Hôpital européen Georges Pompidou. (Paris).

« Les adhérences, c’est lorsque deux organes, normalement libres, se collent ensemble », explique le Pr Lecuru. « Des connexions fibreuses anormales se forment à l’issue de l’intervention chirurgicale durant le processus de cicatrisation. En matière de chirurgie gynécologique c’est assez fréquent, notamment pour les opérations touchant l’endomètre, l’utérus, comme dans le cas d’une myomectomie. Cette dernière consistant à retirer des fibromes utérins ».

Aujourd’hui, cette complication post-opératoire reste un sujet encore peu connu du public. Seulement 2 Français sur 10 associent les adhérences à un acte chirurgical. Pourtant, le phénomène concerne de nombreux patients. Au total, près de 340 000 actes par an seraient susceptibles d’entraîner la survenue d’adhérences. En plus de la la chirurgie gynécologique, elles peuvent concerner certaines interventions digestives, mais également les opérations cardiaques et thoraciques.

Des complications sérieuses

« Au niveau gynécologique, les patientes peuvent être exposées à des complications dramatiques qui compromettent la fertilité », indique le Pr Fabrice Lecuru. Le spécialiste précise que ces adhérences peuvent également être à l’origine du développement de kystes.

Les adhérences sont ainsi mises en cause dans 20 à 40% des cas d’infertilité secondaire mais également à l’origine de 65 à 75% des occlusions de l’intestin grêle, une complication grave qui nécessite une opération en urgence.

Les adhérences, peuvent également être une source de complications dans le cadre d’une nouvelle intervention chirurgicale (rallongement de la durée opératoire, risque de lésions intestinales…).

Une prévention possible

Des solutions existent et la plus efficace reste la prévention. « Il existe des produits sous forme de plaques (barrières anti-adhérentielles) que nous appliquons à la fin de l’intervention pour limiter au maximum la survenue d’adhérences au moment de la cicatrisation » rappelle le Pr Lecuru. Cette technique n’est en réalité utilisée que dans 10,5 % des cas.

Pour en savoir plus, un site internet entièrement dédié au grand public a été mis en ligne, où vous retrouverez entre autres, des témoignages de patients et des vidéos de spécialistes. Rendez-vous sur www.prevenirlesadherences.com.

  • Source : Interview du Pr Fabrice Lecuru, 18 décembre 2015

  • Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Vincent Roche

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