











Accueil » Santé Publique » Alsace BioValley où quand l’Europe invente la médecine de demain…
“Nous avons ici tous les ingrédients d’un pôle de compétitivité mondial et je crois dans l’avenir presque illimité de tout ce qui touche à la Santé.” Vibrante profession de foi que celle d’Adrien Zeller, président du Conseil régional d’Alsace.
Elle n’est pas que politique toutefois. Comme il l’a rappelé au cours d’un colloque à Strasbourg “l’allongement de la durée de vie, l’augmentation des populations, les progrès de la thérapeutique font de la Santé un des secteurs de besoins inextinguibles de nos sociétés“. Ce Credo de l’Alsace ne date pas d’hier et se traduit par des réalités tangibles. Le pôle d’innovation de la région est fondé sur la présence de 300 entreprises représentant 14 000 emplois. Il y a là 49 unités de recherche dont les 1 000 chercheurs ont déposé 51 brevets en 2003. Et pour assurer l’avenir il y a aussi 18 000 étudiants dans les disciplines clé de la biomédecine…
Pourtant comme le souligne le Pr Philippe Poindron (en photo ci-contre), Président d’Alsace BioValley, “l’Alsace est délaissée par Paris“. Elle qui a donné le jour à la téléchirurgie transatlantique -“réalisant en moins de 5 ans ce que l’université Johns Hopkins n’avait pu mettre en oeuvre en 10“- elle qui a développé le 1er simulateur opératoire au monde “demande que sa capacité de pôle de biocompétitivité soit reconnue“. Face à ce qu’elle ressent comme un abandon de cette France toujours jacobine, l’Alsace n’est pas restée avec ses deux pieds dans le même sabot. Elle a intégré ce qu’elle appelle un “biocluster” d’envergure internationale spécialisé dans les sciences de la vie : BioValley.
A cheval sur la France, l’Allemagne et la Suisse, ce “cluster” regroupe à ce jour 300 entreprises biomédicales -40 000 emplois- et 200 sociétés investies dans la mécanique de précision, l’optique, l’électronique, l’imagerie médicale, la robotique… Un poids économique et un potentiel de Recherche et Développement qui comptent “davantage de sociétés en biotech/santé que Medicon Valley (Danemark/Suède) ou la région Oxford/Cambridge en Grande-Bretagne“.
Une collection de premières mondiales
Les résultats sont là aussi : d’abord la première opération de téléchirurgie robotisée réussie au monde (IRCAD-France Telecom), mais aussi la première greffe réussie -le receveur est toujours en vie 15 ans après- d’un bloc coeur-rein-pancréas. La première expérience mondiale des 15 dernières années dans les pompes à insuline implantables (Hôpital universitaire de Strasbourg) et le développement d’outils extraordinaires au service du développement thérapeutique : des modèles expérimentaux développés grâce à la génomique à l’Institut clinique de la Souris, et des robots qui permettent de “modéliser” des interventions chirurgicales pour permettre la téléformation de praticiens et développer des approches moins traumatiques (Informatique et Robotique de l’IRCAD).
Alors oui, il semble bien que tous les ingrédients d’un extraordinaire pôle de compétitivité soient présents dans cette petite bande de terre aux trois frontières proches de Strasbourg. Malgré tout, force est de constater qu’elle ne figure pas parmi les “six outils d’intelligence collective, de coopération et d’efficacité” présentés au Salon Evolutia organisé à Reims fin mai. On ne la trouve pas davantage dans son compte-rendu sur le site gouvernemental où sont présentés ces pôles qui “peuvent contribuer à accélérer la mise en place et le fonctionnement des réseaux d’entreprises et des différentes communautés.” Toujours oubliée de Paris, la talentueuse Alsace ?
Source : de notre envoyé spécial à Strasbourg, Colloque sur « La recherche médicale européenne et lexcellence alsacienne »
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