Antibiotiques : combiner trois molécules contre la résistance

04 août 2016

La résistance bactérienne aux antibiotiques se développe à vive allure depuis plusieurs années. Un phénomène menaçant la vie de nombreux patients. Pour la contourner, les traitements doivent se renouveler. Les travaux d’une équipe américaine semblent tracer une voie d’avenir : celle de la combinaison de trois antibiotiques. Au lieu de deux.

Des chercheurs de l’Université de Californie ont cultivé la bactérie E. coli en laboratoire afin de tester différentes combinaisons d’antibiotiques. Ils ont travaillé à partir d’un groupe de 14 molécules. Certaines associations se sont révélées particulièrement efficaces puisqu’elles ont permis de tuer 100% de la bactérie. C’est le cas de 94 combinaisons à trois molécules testées sur 364, soit un quart.

C’est la première fois que des scientifiques démontrent l’intérêt d’utiliser trois antibiotiques combinés pour contourner la résistance de certaines bactéries. Ainsi jointes, les actions des trois molécules se renforcent. « Certaines classes comme l’amoxicilline empêche la bactérie de fabriquer les murs de ses cellules. Une autre détériore son ADN et une troisième l’empêche de créer ses protéines », expliquent les auteurs. Attaquée sur trois fronts, la bactérie semble incapable de se défendre.

Certaines combinaisons… moins efficaces

Toutefois, ces mêmes chercheurs ont également observé le phénomène inverse dans certaines expérimentations. Ainsi, dans certains cas, l’ajout d’un troisième antibiotique rend le traitement moins efficace. Ces découvertes, apparemment contradictoires, apportent malgré tout de nouvelles informations concernant la réaction des bactéries aux traitements antibiotiques. Elles sont même « un arme pour combattre la menace pour la santé publique que représente la résistance bactérienne », assurent les auteurs.

« Une politique sérieuse de lutte contre le mésusage des antibiotiques est nécessaire », martèlent-ils. « Les médecins doivent prescrire plus sagement, l’agriculture doit cesser l’utilisation à outrance et les chercheurs doivent développer de nouvelles molécules. » Les résultats de ce travail constituent une « contribution (dans pour ce troisième objectif -ndlr) permettant de gagner du temps dans la lutte contre la résistance », concluent-ils.

Rappelons que chaque année dans le monde, environ 700 000 personnes meurent d’infections bactériennes résistantes.

  • Source : University of California - Los Angeles

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Vincent Roche

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