Appelez-le donc « A/H1N1 pandémique » !

18 novembre 2009

Contrairement à ce qu’un pharmacien (mal) informé soutenait il y a peu sur les ondes d’une grande station de radio, le virus H1N1 inscrit dans la composition du vaccin contre la grippe saisonnière n’est pas celui qui est responsable de la pandémie en cours ! Le vaccin saisonnier ne protège donc pas contre ce nouveau virus. Pour être précis, celui-ci devrait se voir appeler H1N1 pandémique (par opposition à H1N1 saisonnier) ou A (H1N1) 2009. Pour mieux comprendre, voyage dans l’intimité des virus…

Un type. D’une manière générale, il existe 3 types de virus grippaux. Ils sont classés selon les antigènes (ou protéines) qu’ils renferment :
– le virus de type A : responsable des épidémies de grippe, il est le plus virulent. Il infecte l’Homme mais aussi les animaux, le porc notamment ainsi que les espèces aviaires ;
– le virus de type B : à l’origine de cas sporadiques, il infecte exclusivement l’Homme ;
– le virus de type C lui aussi, est propre à l’Homme. Peu virulent, les symptômes qu’il provoque ressemblent à ceux d’un rhume.

Des sous-types. A, B ou C… un virus se définit donc par son type mais aussi par son sous-type, caractérisé par deux protéines présentes à la surface du virus : l’hémagglutinine et la neuraminidase, que l’on retrouve dans la nomenclature des virus sous leurs initiales respectives, H et N. « Le sous-typage des virus grippaux se fait à l’aide de ces deux protéines qui, du fait qu’elles sont externes, vont être repérées en premier par le système immunitaire » explique Vincent Enouf, directeur adjoint du Centre national de Référence pour la Grippe à l’Institut Pasteur de Paris.

A l’heure actuelle, 16 hémagglutinines et 9 neuraminidases différentes ont été identifiées. Mais chez l’Homme, seuls 3 sous-types : H1N1, H2N2 et H3N2 ont été recensés. En revanche, 144 combinaisons de H (de H1 à H16) et de N sont possibles au sein de l’espèce aviaire. Celle-ci représente donc un répertoire considérable.

Des virus qui évoluent sans cesse… Du fait de mutations régulières des souches contenues dans les sous-types, les virus des types A et B changent constamment. Prenons l’exemple du vaccin saisonnier recommandé dans l’hémisphère Nord, pour la saison 2009/2010. Il est composé de 3 souches vaccinales :
– Une souche analogue à A/Brisbane/59/2007 (sous-type H1N1) ;
– Une souche analogue à A/Brisbane/10/2007 (sous-type H3N2) ;
– Une souche analogue à B/Brisbane/60/2008.

« Mais attention », prévient Vincent Enouf. « s’il est bien noté H1N1 dans la composition de ce vaccin, la souche qu’il renferme est complètement différente de celle du virus pandémique (appelée en l’occurrence A/California/04/2009(H1N1), n.d.l/r.). Dans le premier cas, elle est d’origine humaine alors que le second est issu de la recombinaison de différents virus porcin, humain et aviaire. Ce virus pandémique est donc totalement nouveau ».

Si ces deux virus sont si différents, la question certes naïve que le profane est en droit de se poser est : pourquoi portent-ils le même nom ? « Tout simplement parce qu’on leur a retrouvé des ancêtres communs », précise Vincent Enouf. Les virus saisonnier et pandémique sont en quelque sorte de la même famille (A/H1N1). Mais du fait de mutations successives, les protéines qu’ils renferment ont évolué différemment au cours du temps. Ainsi, « la protéine qu’on a visualisé sur ce nouveau virus est proche des H1 déjà connus mais déjà suffisamment distante pour que le système immunitaire ne la reconnaisse pas ». D’où la nécessité de se vacciner pour en être protégé. C.Q.F.D.

  • Source : Interview de Vincent Enouf (Institut Pasteur), 16 novembre 2009 - OMS

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