Après la ménopause : protégeons le squelette par une prévention individuelle
03 décembre 2002
Pendant les 30 ans qui leur restent à vivre, 40% des femmes aujourd’hui âgées de 50 ans seront victimes d’une ou plusieurs fractures dues à l’ostéoporose.
Pourtant, nous pouvons inverser ce terrible pronostic. Car l’efficacité de la prévention est amplement reconnue. En permanence, l’organisme produit et détruit de la matière osseuse. Un équilibre bouleversé à la ménopause, lorsque les ovaires cessent de produire les estrogènes qui, entre autres, limitent la destruction osseuse. La perte osseuse est alors brutalement accélérée. Dans les 5 ans qui suivent, les femmes perdent jusqu’à 15 % de leur masse osseuse. Les conséquences se traduiront 10, 20 ou 30 ans plus tard par des fractures : d’abord aux poignets, puis des tassements vertébraux et enfin la dramatique fracture du col du fémur. Il y en a 190 000 par an en France !
L’apport d’hormones de synthèse, ou traitement hormonal substitutif (THS), contrebalance l’arrêt de la production hormonale. Mais attention, s’il peut être utile et indiqué «pour les troubles survenant à la ménopause, telles les bouffées de chaleur» comme le dit le Pr. Yves Maugars du CHU de Nantes, il ne doit être prescrit que «chez des femmes ciblées, surtout entre 50 et 60 ans, et pour une durée de 5 ans sans augmentation du risque de cancer du sein sur cette durée. Comme bénéfices, (le THS) prévient effectivement la survenue des fractures ostéoporotiques, et également la survenue de cancers du colon». Toutefois, il y a des « mais »…
La première objection au THS, c’est que les femmes vivent aujourd’hui, en moyenne, 34 ans après leur ménopause ! Or «le vrai problème de la fracture du col fémoral, c’est après 75 ans !», précise le Pr. Maugars. La deuxième objection est que le THS n’est pas dénué d’inconvénients. «On savait déjà qu’il entraînait une augmentation du risque de cancer du sein et de phlébite ; on sait maintenant qu’il entraîne aussi un risque supplémentaire d’embolie pulmonaire, d’infarctus et d’accident vasculaire cérébral.»
Les choses sont désormais claires : le THS ne constitue pas une prévention durable, universelle et à long terme de l’ostéoporose. Tous les spécialistes s’accordent pour dire qu’aujourd’hui la prise en charge après la ménopause doit être individualisée, adaptée à chacune.
D’autre part, l’arrêt du THS entraîne une chute brutale de la densité osseuse avec pour conséquence un risque important de fractures. Ainsi l’OMS recommande-t-elle de surveiller les facteurs de risque individuels : les antécédents familiaux d’ostéoporose, le faible poids, un apport insuffisant de calcium ou de vitamine D, le tabagisme, une consommation excessive d’alcool ou encore le manque d’activité physique…
Contre l’ostéoporose aussi, une bonne hygiène de vie, une alimentation saine et équilibrée seront une première barrière. Laquelle sera éventuellement complétée par les médicaments. Les biphosphonates permettent un traitement reconstructeur du squelette, avant comme après la fracture, dont l’efficacité est reconnue. Et la mise au point d’un traitement qui peut n’être pris qu’une fois par semaine représente, selon Yves Maugars, «un vrai progrès sur le plan de l’observance.»