Aux sources des femmes fontaines ?
27 octobre 2017
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Même si l’on en parle déjà dans les textes antiques, « l’éjaculation féminine » reste aujourd’hui encore très mystérieuse. Les femmes fontaines osent rarement en parler et la pornographie offre, comme bien souvent, une vision des choses passablement éloignée de la réalité. Alors, qu’en est-il vraiment ?
Comme le rappelle la sexothérapeute Marie-Noëlle Lanuit, les premières évocations de la femme fontaine sont attribuées à Hippocrate (460-370 avant JC). Le médecin pensait alors que les abondantes sécrétions de cette dernière était aussi fécondante que le sperme masculin. Et que l’émulsion des deux fluides pouvait elle seule assurer la procréation. Mais un siècle plus tard, Aristote dément cette théorie en révélant que la femme peut féconder sans orgasme.
« L’éjaculation féminine » n’allant plus de pair avec la fécondité mais uniquement avec le plaisir de la femme, elle devient tabou. Il faut attendre la seconde moitié du 20ème siècle pour que les scientifiques s’y intéressent à nouveau. Les premiers temps, les sexologues voient dans cette émission de liquide durant l’orgasme un symptôme d’incontinence urinaire. Mais des travaux menés en 2007 démentent cette hypothèse. C’est alors un fait établi : non, les femmes fontaines ne souffrent d’aucune pathologie. Ce qu’elles vivent est purement physiologique.
Mais que contient le liquide émis ? D’après les résultats d’une étude co-dirigée par le Dr Samuel Salama, il faut distinguer deux types d’émission liquidienne, qui peuvent se mélanger. Celles provenant de la prostate. Car oui, les femmes ont elles aussi une prostate, même si elle est bien plus petite que son homologue masculin. Mais cette « éjaculation féminine » se produirait, selon le Dr Samuel, en quantité bien trop insuffisante pour expliquer l’abondance du liquide produit par les femmes fontaines. Chez certaines, il atteint les 300 ml. Et pour le médecin, l’essentiel de cette production serait composé d’une substance proche de l’urine, sécrétée au niveau des reins au moment du plaisir et éjectée par l’urètre. On parle alors de « squirting » (jaillissement).
Un lâcher-prise indispensable
Combien de femmes connaissent ce « squirting » ? Difficile à dire, les chiffres varient entre 6% et 40% selon les études. Par manque d’informations sur le sujet, surprises par les réactions de leur corps, certaines le vivent mal. D’autres, au contraire, en sont ravies car quand il survient, ce « squirting » coïncide avec un orgasme puissant. Mais pour qu’il se produise, le lâcher-prise doit être totale. Comme toujours en matière de plaisir, pas question donc de chercher à tout prix à y parvenir. Ce serait le meilleur moyen de passer à côté.
A lire : Femmes fontaines & éjaculation féminine – Mythes, controverses et réalités, Sr Samuel Salama Dr Pierre Desvaux, Sylvie Nordheim, éditions Néolobris et Cherche Midi
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Source : Site Secret de fontaine consulté le 26 octobre 2017, interview de de la sexothérapeute spécialiste du plaisir féminin Marie-Noëlle Lanuit le 24 octobre 2017
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Ecrit par : Aurélia Dubuc – Edité par : Emmanuel Ducreuzet