Bébés : trop d’opérations du frein de la langue non justifiées
25 janvier 2022
Lorsque le frein de la langue d’un bébé est trop court, et que l’allaitement est rendu difficile, il est possible de pratiquer une frénotomie, c’est-à-dire la section de ce dernier. Objectif, favoriser la succion. L’augmentation de ces opérations ces dernières années inquiète toutefois les médecins, qui appellent à la prudence.
Mariia MasichLe frein de la langue est un muscle fin qui se termine par une membrane muqueuse et attache la langue au plancher de la bouche et aux os des mâchoires. Il participe à la mobilité de la langue. Chez 10% des bébés, il est trop court, ce qui peut entraîner une difficulté à téter. Ce qui pousse les médecins à proposer une intervention appelée la frénotomie. Il s’agit de sectionner ce frein afin de libérer le mouvement de la langue.
Toutefois, dernièrement, « ces pratiques se développent rapidement via des groupes de professionnels, plus ou moins reconnus mais soutenus par un flux important d’informations circulant sur les réseaux sociaux », avertit l’Association française de Pédiatrie ambulatoire (AFPA). De ce fait, elle-même et d’autres sociétés savantes et associations de professionnels s’inquiètent de l’augmentation anormale après les séjours en maternité, dans les mois qui suivent la naissance.
Absence de preuves scientifiques et effets indésirables
En effet, « trois recommandations nationales et internationales et une revue Cochrane ont conclu au manque d’études scientifiques de qualité, permettant de guider clairement les cliniciens » en la matière. Ce qui peut conduire à des interventions non justifiées. D’autant qu’il manque des preuves concernant « l’utilité de sectionner un frein de lèvre ou autre tissu intra-buccal pour améliorer le transfert de lait et/ou les douleurs mamelonnaires ».
En outre, « les parents doivent être informés du risque d’effets secondaires (hémorragies, lésion collatérale tissulaire, obstruction des voies respiratoires ou nerveuse, sensorielle, refus de tétée, aversion orale, et infectieux), de récidives, de la durée médiane de l’allaitement en post-chirurgie », poursuivent les sociétés savantes.
Lesquelles recommandent « qu’en l’absence de difficultés, la présence d’un frein de langue court et/ou épais ne soit pas une indication chirurgicale ». Et « qu’en présence de difficultés, quelles qu’elles soient, la démarche diagnostique scientifique soit réalisée par des professionnels de formation universitaire, ou ayant une formation agréée officiellement en allaitement, respectant une médecine basée sur des preuves, prenant en compte l’état général global de l’enfant complétée d’une évaluation rigoureuse anatomique et surtout fonctionnelle de la succion/déglutition de l’enfant ».