BPCO : où sont les malades ?

20 décembre 2007

« Le problème avec la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) c’est qu’au moment où un malade est diagnostiqué… il a déjà perdu la moitié de sa capacité respiratoire ! ». Constat terrible du Pr Christian Préfaut, de Montpellier, illustrant nos carences en matière de dépistage.

C’est bien simple, dans notre pays 4 malades sur 5 ne seraient pas diagnostiqués ! Selon différentes estimations en effet, entre 2 et 4 millions de Français seraient concernés par cette maladie. Il s’agit en grande majorité de fumeurs, d’anciens fumeurs ou de victimes du tabagisme passif. Mais pas seulement, puisque l’environnement professionnel serait aussi en cause dans 15% des cas.

« Pour ce qui est du tabagisme » explique le chef du service de physiologie clinique au CHU de Montpellier, « la durée pendant laquelle on a fumé compte davantage que le nombre total de cigarettes ». Autrement dit, la personne qui a fumé 10 cigarettes par jour pendant 30 ans sera plus exposée au risque de BPCO qu’un fumeur de 3 paquets quotidiens pendant deux ans.

La BPCO est une maladie très insidieuse. Elle évolue à bas bruit, « jusqu’au jour où le malade se retrouve sous oxygénothérapie ». Ce n’est pas si rare. Ils sont actuellement 30 000 dans ce cas, en France. Il n’existe pas à proprement parler de « signe d’alerte », ce qui explique les difficultés du dépistage. Certes, les malades sont essoufflés. Mais toutes les personnes essoufflées ne souffrent pas de BPCO… « En outre » souligne le Pr Préfaut, « bien souvent, les malades nous disent qu’ils ne sont pas essoufflés. En fait au quotidien, ils s’adaptent pour ne plus le ressentir. Ils prennent l’ascenseur plutôt que l’escalier, ils ne promènent plus leur chien. De ce fait ils marchent de moins en moins… jusqu’à devenir totalement sédentaires ».

Voilà pourquoi selon lui, « le dépistage ne doit pas se pratiquer à partir de signes d’alerte. Il ne faut pas attendre que le patient entre dans la maladie par une exacerbation ». Il faut en quelque sorte, « aller chercher les malades ». En s’attaquant aux facteurs de risque.

Dans ce combat, le médecin généraliste est en première ligne. Comme le précise le Dr Roland qui exerce également à Montpellier, « je demande régulièrement à mes patients s’ils fument et s’ils souhaitent arrêter. Je leur propose éventuellement un dépistage au moyen d’un appareil très simple qui permet de dépister, même en l’absence d’essoufflement ». Cet appareil, c’est le Piko-6, qui mesure le volume expiratoire par seconde en fonction de l’âge.

« Il permet d’objectiver la pathologie bronchique », enchaîne le Pr Préfaut. « Nous montrons ensuite au patient, la courbe de déclin de son souffle. Dans un cas sur deux, cela le motive assez pour qu’il arrête de fumer »… L’étape suivante, c’est la prise en charge. Nous y reviendrons demain.

  • Source : « BPCO - Nouveaux réseaux, nouveaux moyens pour le patient », Media Workshop organisé par les laboratoires Boehringer-Ingelheim , Paris, 7 décembre 2007

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