Cancer du poumon : traiter même après 70 ans

09 juin 2010

Il est aujourd’hui possible de proposer aux patients de plus de 70 ans souffrant d’un cancer du poumon une combinaison de deux chimiothérapies. Un schéma thérapeutique réservé jusqu’à présent, aux malades plus jeunes.

Les résultats sont prometteurs, à en croire une étude française présentée à Chicago devant les participants au Congrès de l’American Society of Clinical Oncology. Cette stratégie thérapeutique pourrait ainsi, entrer rapidement dans la pratique.

Pour le Pr Elisabeth Quoix, pneumologue aux Hospices civils de Strasbourg, « c’est un progrès marquant dans la lutte contre le cancer du poumon ». Elle a suivi 451 patients de plus de 70 ans, dont un premier groupe a été traité une combinaison de deux chimiothérapies, les autres recevant une monothérapie.

Après un an de traitement, 45 % des patients ayant bénéficié de deux chimiothérapies associées étaient en vie, contre seulement 27% dans l’autre groupe. La médiane de survie quant à elle, s’est avérée supérieure de 4 mois dans le premier groupe. Des données encourageantes, précise le Pr Jean-François Morere, cancérologue à l’hôpital Avicenne de Bobigny. « Cette étude bat surtout en brèche de nombreuses idées reçues. Auparavant, il était généralement admis que ce type de traitement pouvait se révéler plus toxique chez les personnes âgées. Autre fait notable, ces patients se sont révélés bien plus sensibles à ces traitements que les malades plus jeunes. »

Une fréquence plus importante des neutropénies fébriles (une chute du nombre de globules blancs, n.d.l.r.) a néanmoins été observée dans le groupe traité par bithérapie. De sorte que si « cette étude est assurément porteuse de bonnes nouvelles, il faudra prévoir un encadrement spécifique au niveau des effets secondaires », précise Jean-François Morere. Autre donnée positive, l’efficacité du traitement a été observée dans pratiquement tous les groupes de patients, même les plus fragiles.

Cette étude montre qu’il n’y aucune raison de ne pas traiter un cancer du poumon après 70 ans, et ceci en recourant aux meilleures stratégies thérapeutiques. La décision devant relever à la fois du patient, du cancérologue et du gériatre. C’est pourquoi d’ailleurs, les consultations d’oncogériatrie se multiplient en France. Rappelons que dans notre pays, un tiers des patients souffrant d’un cancer du poumon ont plus de 70 ans. C.Q.F.D.

  • Source : de notre envoyé spécial à Chicago, American Society of Clinical Oncology (ASCO), 4-8 juin 2010

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