Cellules souches dentaires : la recherche… sous le marteau des juges
18 janvier 2012
La recherche sur les cellules souches dentaires est très active en France. Trop active ? Toujours est-il qu’un institut qui s’était spécialisé dans la conservation de ces dernières – l’Institut Clinident Biopharma – s’est vu retirer son autorisation d’exercer… quelques semaines après se l’être vue accorder. Le décisionnaire a été le même dans les deux circonstances, puisqu’il s’agissait de l’AFSSaPS. Cherchez l’erreur…
A la mi-décembre 2011, l’entreprise a d’ailleurs essuyé un deuxième échec, puisque sa demande de requête en référé-suspension a été rejetée par le tribunal administratif de Clermont-Ferrand. Pourtant comme l’explique le Pr Michel Goldberg, professeur émérite à l’Université Paris Descartes et spécialiste en odontologie, « la recherche en matière de cellules souches dentaires est fondamentale. Et elle offre des perspectives très intéressantes ».
Cet Institut est la première banque privée développant une activité de préparation et de conservation de suspensions tissulaires de pulpe dentaire. Ces dernières sont obtenues à partir des dents adressées par les chirurgiens-dentistes, pour un usage autologue potentiel. Autrement dit, pour le patient lui-même. « Les responsables (de l’Institut) voulaient donc conserver ces suspensions dans des banques de cellules », explique le Pr Goldberg. « C’était intéressant, parce qu’on avait là, la possibilité de disposer de cellules souches dentaires pluripotentes. Mises en culture et sélectionnées, celles-ci peuvent devenir selon les cas des cellules osseuses, cartilagineuses ou graisseuses. Et il y avait même là, une ouverture pour en faire des neurones ». Passionnant et stimulant…
Pourquoi donner l’agrément… pour l’annuler aussitôt ?
« Au mois de septembre, l’agrément de l’Institut lui a donc été retiré de manière obscure », poursuit le Pr Goldberg. « Il leur était reproché le caractère un peu flou des visées thérapeutiques des cellules qu’ils conservent. Et c’est vrai. Mais on peut se demander pourquoi dans ce cas là, on leur a donné l’agrément ».
Chargé de défendre les droits de l’Institut, le cabinet Roche & Associés souligne que la loi en vigueur n’impose « aucune finalité thérapeutique ‘avérée’ ni aucune ‘justification précise et immédiate’ de l’utilisation ultérieure des produits conservés ».
L’Institut attend donc avec impatience l’examen de son recours au fond contre la décision de l’AFSSaPS. « Il espère obtenir au cours du premier trimestre 2012, l’annulation de la décision de retrait d’autorisation afin de reprendre ses activités au plus tôt ». Prochain épisode donc, dans quelques mois.