Cinquante ans après, la cigarette grille toujours
01 septembre 2004
Dix ans ! Dix ans de vie en moins pour les fumeurs ! Cette cinglante vérité ressort de la plus vaste étude jamais réalisée sur le tabagisme et la santé : l’étude Doll. Ses auteurs ont suivi une cohorte de fumeurs pendant… plus d’un demi-siècle !
Sir Richard Doll qui a donné son nom à l’étude dont il est le principal auteur, est aujourd’hui âgé de 91 ans. Professeur émérite à l’Université d’Oxford, il a lancé ce travail historique en 1951, à une époque où les risques liés au tabac étaient largement ignorés. A l’origine il prévoyait d’étaler ses recherches sur cinq ans, histoire de recueillir quelques données sur le cancer du poumon…
Il est allé beaucoup plus loin. Avec son équipe, Richard Doll a donc suivi une cohorte de médecins britanniques, fumeurs ou non. Pourquoi des médecins ? Parce qu’ils décrivent plus aisément leurs habitudes tabagiques et qu’ils sont plus facilement identifiables et donc suivis. Y compris lorsqu’ils sont en retraite… sans oublier que la cause de leur mort est généralement mieux indiquée“.
Dès 1954, les premiers résultats tombent. Ils établissent un lien direct entre le tabagisme et le cancer du poumon. Cinquante ans plus tard, ce travail montre clairement l’impact du tabac sur l’espérance de vie. Depuis 1900 celle des non-fumeurs ne cesse d’augmenter. Quant à la courbe des accros à la cigarette, elle poursuit sa chute.
D’une manière générale, ces derniers vivent dix ans de moins que les non-fumeurs ! Ainsi, un non-fumeur âgé de 70 ans entre 1951 et 1961 avait-il 12% de chances d’atteindre 90 ans. Entre 1991 et 2001, ses chances montaient à 33% mais pour un fumeur, ces chiffres sont respectivement de 10% et 7% !
Cette étude Doll – retenez bien ce nom – confirme également l’intérêt de cesser le tabagisme quel que soit son âge ! Concrètement si vous arrêtez à 60 ans, 50 ans, 40 ans ou 30 ans, vous (re)gagnez respectivement 3, 6, 9 et 10 ans d’espérance de vie.