Conduite : des tests cognitifs après 70 ans ?
13 février 2023
Contraindre les personnes de plus de 70 ans à passer un test cognitif validant un niveau de capacités suffisant pour conduire en toute sécurité ? Telle est la mesure déployée au Japon depuis 2017, avec un impact net sur la diminution des accidents de voiture.
Selon une étude du Journal of the American Geriatrics Society, l’incidence des accidents de voiture a diminué au Japon après la mise en place de tests cognitifs auprès des personnes âgées. Prévus lors du renouvellement du permis de conduire depuis 2017, chez les plus de 75 ans, ces examens permettent de certifier de leurs capacités cognitives, en termes de réflexes et de repérage dans l’espace, à conduire sans constituer un danger sur la voie publique. Dans le cas contraire, la suspension ou le retrait de permis est décidé.
Pour prouver la légitimité de ces tests, les chercheurs ont suivi des conducteurs âgés de 70 ans et plus entre juillet 2012 et décembre 2019. « Après 2017, les collisions entre voitures ont diminué chez les hommes de plus de 70 ans, mais les blessures des piétons comme des cyclistes ont augmenté dans les deux sexes », déclare le Pr Haruhiko Inada*, principal auteur de l’étude.
Les accidents de piétons et de cyclistes peuvent en effet être provoqués par d’autres facteurs liés à la vulnérabilité de ces modes de transport sur la voie publique. C’est pourquoi « les mesures de sécurité doivent être renforcées pour les cyclistes et les piétons âgés. Nous devrions également préparer les personnes âgées à l’arrêt de la conduite et leur proposer des moyens de transport alternatifs sûrs », comme les voitures adaptées ou si possible le recours aux transports en commun.
Et en France ?
Dans l’Hexagone, aucun test cognitif n’est officiellement mis en place. « Les médecins agréés reçoivent régulièrement en visite médicale pour les permis de conduire, des conducteurs âgés afin de statuer sur leur aptitude à la conduite », témoignent les spécialistes du site www.visite-medicale-permis-conduire.org/. Il s’agit dans la grande majorité de cas adressés par les services de la Préfecture. Au programme avant de se voir remettre ou de se faire retirer le permis de conduire : des tests neuropsychologiques en complément d’un test de conduite effectué par une école de conduite qui peut être demandé par la commission médicale**.
A noter : il existe une liste de pathologies, pour la plupart liées à l’âge, déclarées comme incompatibles ou compatibles sous certaines conditions avec la conduite. C’est le cas du diabète si une forte hypoglycémie qui peut perturber l’attention au volant, de la maladie d’Alzheimer au stade avancé*** quand la démence est trop prononcée, ou encore des handicaps moteurs et auditifs lourds si les prothèses ne suffisent pas à pallier la perte d’autonomie.
*Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health
**prévu par l’arrêté du 21 décembre 2005 modifié par l‘arrêté du 31 août 2010
***dès le début du stade 3 de l’échelle de Reisberg, phase associée aux perturbations de la concentration
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Source : Journal of the American Geriatrics Society, le 25 janvier 2023
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Ecrit par : Laura Bourgault - Édité par : Emmanuel Ducreuzet