Da Vinci, la coelio fait sa révolution
15 décembre 2011
Effectuer l’ablation d’un utérus sans ouvrir l’abdomen, c’est déjà bien. Réaliser la même intervention avec une vision en 3D et dans une position confortable (et par conséquent dans un contexte plus sécurisé), c’est encore mieux. C’est ce qu’offre aujourd’hui le robot Da Vinci aux chirurgiens. L’Institut de Cancérologie de l’Ouest (ICO) – René Gauducheau, à Nantes – est le second centre de lutte contre le cancer en France, à s’en être doté après l’Institut Paoli-Calmettes de Marseille. Pour les patients, le bénéfice de cette acquisition – à 2 millions d’euros tout de même – n’est pas négligeable : moins de cicatrices, moins de douleurs postopératoires et une convalescence accélérée.
« Procéder à une cœlioscopie conventionnelle, c’est comme nouer ses lacets avec des baguettes ». C’est ainsi que les chirurgiens, bien qu’ils fassent preuve d’une dextérité hors du commun, peuvent percevoir cette intervention. Et de fait, même si elle est moins invasive que l’ouverture de l’abdomen, la coelioscopie demeure une opération délicate. « La vision est inversée (comme dans un miroir) et en 2 dimensions seulement » nous explique le Pr Jean-Marc Classe, chef du service de chirurgie oncologique à l’ICO-René Gauducheau. Positionné avec les bras en surélévation, sans appui, le chirurgien doit intervenir en regardant un écran. Pas facile donc, surtout lors d’interventions longues.
Le robot Da Vinci représente « un progrès considérable par rapport à la cœlioscopie conventionnelle », s’enthousiasme le Pr Classe. Cette innovation technologique permet de reproduire « tous les mouvements du poignet humain avec les pinces opératoires ». Intervenant à partir d’une console dissociée du malade, le chirurgien a les avant-bras et la tête posés contre l’appareil. Confortablement installé, il utilise des joysticks pour commander à distance les instruments qui sont fixés sur les bras articulés du robot.
Grâce à la micro-caméra insérée dans l’abdomen du patient, le médecin dispose d’une vision directe du champ opératoire, sans inversion et en 3 dimensions. De plus, le robot permet de démultiplier les mouvements pour plus de précision. Par exemple, quand le chirurgien bouge de 1 cm, la pince ne se déplace en réalité que de… 3 mm. Il suffit de le programmer selon les besoins. Enfin le confort offert au chirurgien par le robot rend possibles « des interventions plus longues et plus compliquées, en réduisant la fatigue des bras et le risque de tremblements », se réjouit Jean-Marc Classe.
Moins de séquelles post-op
Dans le domaine de la chirurgie oncologique, « les cancers du col de l’utérus et de l’endomètre sont de très bonnes indications », indique le Pr Classe. Si le travail du chirurgien reste la base de la réussite, le robot lui facilite la tâche et permet notamment, de préserver les liaisons nerveuses. « Dans le cas du cancer de l’utérus, la rétention ou l’incontinence urinaire sont moins fréquentes après des interventions assistées par robot », ajoute-t-il.
D’autres bénéfices sont apportés au patient. Outre une réduction de la taille des cicatrices et de l’intensité des manifestations douloureuses, « ce type d’intervention réduit le temps d’hospitalisation postopératoire. Il passe de 8 ou 10 jours actuellement, à 3 ou 4 jours. Et la patiente peut se lever très vite après son réveil », ajoute-t-il.
Depuis l’arrivée du robot à Nantes, une trentaine d’interventions ont été réalisées par le Pr Classe et sa collègue, le Dr Isabelle Jaffré. « Nous formons le binôme chargé d’apprendre à utiliser le robot dans l’Institut. Ensuite, nous formerons les autres chirurgiens », conclut-il.