Dépistage organisé ou individuel, les Françaises partagées

10 novembre 2011

En France, le dépistage organisé du cancer du sein a sept ans. Mais il partage toujours la vedette avec un autre dépistage, dont les résultats sont moins faciles à suivre et à encadrer : le dépistage individuel. Aucune invitation pour celui-là, pas d’âge cible, seulement une précaution prise par un médecin pour sa patiente. Problème : marche-t-il sur les plates-bandes du dépistage organisé ?

En 2010, la Direction générale de la Santé (DGS) saisit la Haute Autorité de Santé (HAS) pour qu’elle fasse un état des lieux des pratiques de dépistage en France. Au terme d’une année de travail, les auteurs constatent que la participation au dépistage organisé est « satisfaisante », note Stéphanie Barré de la HAS. « Le constat est moins alarmant que prévu », ajoute-t-elle d’ailleurs. En effet, 50% des départements français présentent un taux de participation au dépistage organisé équivalent aux objectifs du programme, soit entre 50% et 60%. Un quart des départements est encore meilleur, avec un résultat de 60% à 70%. Le reste se situe toujours en-dessous des objectifs.

Quel problème pose donc le dépistage individuel ? « La participation des femmes du groupe cible, entre 50 et 74 ans, à ce dépistage est de 10% en France », indique Stéphanie Barré. Autant de femmes qui pourraient entrer dans le dépistage collectif donc. Mais la plupart des mammographies réalisées dans le cadre de ce dépistage personnel sont réalisées entre 40 et 49 ans. D’ailleurs, « 40% des femmes de cette tranche d’âge en a déjà subi au moins une », ajoute-t-elle. Trop ? Peut-on parler de sur-dépistage ? Personne ne s’y risque. Dans tous les cas, le « transfert » de ces femmes du dépistage individuel au dépistage organisé lorsqu’elles arrivent à 50 ans n’est pas toujours facile. « Certaines patientes restent persuadées que la qualité du dépistage organisée est moindre par exemple », explique un médecin.

Certains spécialistes suggèrent un déremboursement de la mammographie hors dépistage organisé après 50 ans… La HAS devrait publier ses recommandations d’ici janvier 2012. « Les conclusions de ce travail suggèrent la nécessité d’une clarification du rôle des différents acteurs du dépistage. Celui des médecins traitants, des gynécologues, mais aussi des instances pilotant le dépistage organisé. Au niveau national, et depuis peu régional avec les Agence régionales de la Santé (ARS) », conclut Stéphanie Barré. Pour un dépistage plus efficace du cancer du sein.

  • Source : de notre envoyée spéciale au 33èmes journées de la Société française de Sénologie et de Pathologie mammaire à Marseille, du 8 au 11 novembre 2011

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