DMLA : l’espoir des cellules souches
14 janvier 2011
La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) se manifeste par la destruction des cellules de la rétine. Plus précisément de sa zone centrale, appelée macula. Due à un défaut d’irrigation sanguine, elle provoque une baisse de l’acuité visuelle, pouvant entraîner une dégradation sévère voire totale de la vision. Un essai clinique américain utilisant des cellules souches va bientôt être lancé dans la prise en charge de la DMLA atrophique ou sèche, pour laquelle aucun traitement n’existe à ce jour. C’est un espoir important, car cette forme de DMLA est aussi la plus fréquente : entre 80% et 85% des cas. Le point avec le Dr Didier Ducournau, ophtalmologiste à la clinique Sourdille de Nantes.
La DMLA sèche est caractérisée par un défaut d’irrigation de la rétine dont les cellules s’atrophient. Ainsi détruites, elles ne peuvent plus remplir leur rôle : transmettre l’image au cerveau. Son évolution est progressive. Elle provoque d’abord des déformations mineures des lignes droites. Puis l’acuité visuelle du centre de la rétine diminue, avant que n’apparaisse un « scotome » central, comme l’appellent les spécialistes. En clair, un scotome est un trou dans le champ visuel…
« La seule façon de traiter cette forme de DMLA serait de faire repousser la lignée nerveuse entre la rétine et le cerveau, en implantant des cellules capables de se régénérer », explique le Dr Ducournau. Les cellules souches semblent donc aujourd’hui, « la voie la plus porteuse » dans ce domaine. L’essai clinique programmé par la société Advanced Cell Technology de Santa Monica en Californie, représente un espoir majeur. D’autant que des études menées récemment sur l’animal ont été couronnées de succès. Cette entreprise attend également les accords des autorités européennes pour mener des essais cliniques de ce côté-ci de l’Atlantique.
La DMLA néo-vasculaire ou humide pour sa part, entraîne une destruction plus rapide des cellules du centre de la rétine. En effet, « celle-ci fait appel à un mécanisme de prolifération des vaisseaux sanguins pour compenser le manque d’irrigation », explique le Dr Ducournau. Résultat : les ‘néo-vaisseaux’ ainsi créés détruisent toutes les cellules encore saines de la rétine. Malgré ce tableau plus alarmant que celui de la DMLA sèche, des traitements anti-angiogénèse permettent d’interrompre l’inéluctable destruction des cellules. A condition bien sûr, que le diagnostic soit posé tôt.
Pour que les traitements soient efficaces en effet, ils doivent être administrés précocement. « Dès que le patient voit les lignes droites un peu déformées et qu’une grisaille s’installe, il doit consulter en urgence », insiste le Dr Ducournau. L’association Retina France rappelle que plus d’un million de patients dans notre pays, sont concernés par la DMLA. Parmi eux, 800 000 sont atteints de la forme humide. Et cette maladie reste la première cause de cécité acquise après 50 ans.
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Source : Retina France, 5 janvier 2011 ; interview du Dr Didier Ducournau, président de la Société européenne de chirurgie vitréorétinienne (EVRS) et ophtalmologiste à la clinique Sourdille de Nantes, 10 janvier 2011