Don de moelle osseuse : où sont les hommes ?

10 mars 2017

Chaque année, 1 000 greffes de moelle osseuse sont réalisées en France. Pour renflouer les réserves nationales, et surtout diversifier les profils de compatibilité, l’Agence de la biomédecine lance un appel au don dans la population masculine chez les moins de 40 ans. Les explications du Pr Jacques Olivier Bay, président de la Société francophone de Greffe de Moelle et de Thérapie Cellulaire, à l’occasion de la 12ème semaine nationale de mobilisation pour le don de moelle osseuse organisée du 13 au 19 mars.

Les greffes de moelle osseuse contribuent à remplacer le système immunitaire de patients dont les cellules de défenses s’avèrent défaillantes.  Une technique employée « en cas de maladies malignes, traduites par la propagation de cellules cancéreuses, au sein des ganglions par exemple dans le cas d’un lymphome, ou dans le sang chez les patients atteints d’une leucémie », explique le Pr Jacques Olivier Bay, responsable du service hématologie au CHU de Clermont Ferrand. Mais aussi chez des malades atteints de pathologies « non malignes, caractérisées par une perte de moelle osseuse, des atteintes génétiques comme la drépanocytose ».

A l’occasion de la 12ème semaine nationale de mobilisation pour le don de moelle osseuse, des bus circuleront dans 12 villes* de France. A bord, des médecins greffeurs feront le relai sur la sensibilisation. Et pour une information virtuelle, les réseaux sociaux (@moelleosseuse sur Twitter et sur @dondemoelleoseuse sur Facebook) répondent aussi présents.

Seuls 35% des donneurs sont des hommes

Le thème de cette année ? Le don au masculin ! Les hommes de moins de 40 ans sont particulièrement invités à entrer dans cette démarche. Et ainsi augmenter la part des 35% de dons masculins actuellement répertoriés. Mais outre le motif statistique, pourquoi eux ? En cas de prélèvements de moelle osseuse chez les hommes, les taux de rejet du greffon sont moindres comparés aux femmes. « Le fait d’avoir été maman expose les femmes à des anticorps spécifiques, connus pour fragiliser le système immunitaire et donc diminuer la résistance des cellules », souligne le Pr Bay.

Qu’ils s’agissent d’hommes ou de femmes, tous les nouveaux donneurs de moelle osseuse âgés de 18 à 50 ans « sont évidemment les bienvenus pour donner de l’épaisseur au registre national ». Document qui comptait 264 000 inscrits fin 2016. L’enjeu aujourd’hui est « d’accroître la diversité des dons pour augmenter les probabilités de compatibilité ». Et donc augmenter le nombre de greffes efficientes.

Comment faire pour donner ?

Chaque donneur volontaire peut effectuer sa pré-inscription auprès de l’Agence de la biomédecine par mail, courrier ou téléphone. Autre solution, s’adresser à l’Etablissement Français du Sang (EFS) le plus proche de chez vous. Les hôpitaux sont eux aussi compétents pour mettre en place cette inscription au registre.

« Le tout étant d’avoir bien pris le temps de réfléchir au sens de cet acte altruiste », nous explique Jérôme, 27 ans, donneur de moelle osseuse inscrit depuis 2010 sur le registre. « Pour ma part, la maladie d’un oncle m’a incité à cette démarche », explique le jeune homme vivant à Limoges. Pas dans l’idée d’effectuer une greffe intra familiale, acte seulement possible au sein d’une même fratrie, ou entre parents et enfants. Mais de faire « mon possible pour donner un bout de moi à un malade ».

« Un acte pas douloureux », Jérôme donneur de moelle osseuse

Première étape lors de l’inscription, la création d’une carte d’identité immunitaire grâce à une prise de sang pour évaluer la nature des cellules. « Ensuite j’ai été contacté une première fois en 2014 pour un potentiel don. Mais des examens plus poussés ont mis en avant une compatibilité insuffisante avec le receveur ». Le second appel en 2016 fut le bon. Six ans de délai entre l’inscription et le premier prélèvement, preuve que les compatibilités entre donneur et receveur sont rares (1/1 000 000).

Une fois que le duo donneur-receveur est formé, « une période de 1 à 3 mois s’écoule avant le don » Acte qui, dans trois quart des cas, s’effectue par prélèvement sanguin. Ce fut l’option pour Jérôme qui se rappelle de « douleurs osseuses liées aux injections effectuées matin et soir la veille du prélèvement, pour stimuler le passage des cellules osseuses dans le sang ». Mais pendant et après le prélèvement, « je n’ai ressenti aucun désagrément. Aujourd’hui j’en garde un très bon souvenir. Et j’échange par lettre avec le receveur qui vit au Royaume-Uni ». En effet si les donneurs et receveurs le souhaitent, les échanges de coordonnées sont possibles via l’Agence de la biomédecine.

A noter : outre le prélèvement sanguin, la collecte de la moelle osseuse peut aussi s’effectuer sous anesthésie générale par aspiration des cellules au niveau de la partie postérieure du bassin. Vous souhaitez en savoir plus sur les contre-indications du don ? Cliquez sur le site www.dondemoelleosseuse.fr.

*Aix en Provence, Bordeaux, Caen (14 mars), Chambéry (18 mars), Le Mans (14 mars), Limoges, Montpellier, Nice, Poitiers (18 mars), Reims (13mars), Rennes (15 mars).

  • Source : Interview du Pr Jacques Olivier Bay, responsable du service hématologie au CHU de Clermont Ferrand et président de la Société francophone de Greffe de Moelle et de Thérapie Cellulaire, le 2 mars 2017.

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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