Dossier Médical Personnel : convaincre encore et toujours…

02 janvier 2007
D. M. P. Trois lettres qui feront bientôt partie intégrante de notre quotidien. Initialement promis pour le 1er juillet 2007, le Dossier médical Personnel sera en principe généralisé au mois de novembre. A moins que de nouveaux retards ne soient signalés d'ici là... Concrètement, il s’agit d’un dossier médical électronique. Mais comme il ne sera pas chez le médecin mais chez un « hébergeur », on ne pourra y accéder que via internet. « On » ? Le malade, évidemment. Mais aussi son médecin traitant, et en règle générale tous les médecins qu’il aura choisis. Mais aussi l’assurance maladie. Qui d’autre ? A ce jour, c’est l’incertitude… et aussi le débat. La phase d’expérimentation, qui se déroulait dans 13 régions françaises, s’est achevée au 31 décembre. Une étape qui a fait ressortir d’indéniables bénéfices pour le patient. Mais qui n’a pas été non plus, sans poser quelques questions. A 6 mois de la mise en place, petit état des lieux. Pour rappel, la vocation première du DMP, tel qu’il est défini par la loi de santé publique du 13 août 2004, est d’améliorer la qualité des soins. En facilitant la coordination et les échanges d’information entre professionnels de santé. Autrement dit, il devrait éviter les répétitions d’actes inutiles. Mais aussi les interactions médicamenteuses. Chaque généraliste ou spécialiste consulté saura donc précisément quels médecins vous avez consultés. Et quels traitements vous suivez ou avez suivis. Concrètement, votre DMP contiendra les informations suivantes : rapports et prescriptions de médecins, listes des médicaments délivrés, comptes-rendus de radiologie et d’analyses médicales, lettres de sortie d’hôpital, antécédents personnels médicaux et chirurgicaux. Mais aussi des données sur vos éventuelles allergies, vos vaccinations. Et même un espace personnel dans lequel vous pourrez noter des informations qui vous semblent importantes. Sur le don d’organes par exemple, sur le facteur rhésus ou même des questions que vous souhaitez poser à votre médecin. Votre DMP vous appartiendra A l’inverse, vous pourrez également « masquer » les données que vous ne souhaiterez pas voir figurer dans ce dossier. Un exemple ? Une dépression subie il y a plusieurs années... Enfin même si la motivation en est louable – il s’agit d’éviter tout fichage de patients – on regrettera sans doute que le dossier ne puisse contenir aucun élément relatif à des antécédents familiaux. Difficile dans ces conditions, de détecter un « terrain familial », bien utile pour cibler certains examens de dépistage… Comme son nom l’indique, votre DMP vous appartiendra. Seuls les professionnels que vous aurez désignés pourront y accéder. Bon à savoir également, la loi du 13 août 2004 n’impose pas le DMP. Mais si vous refusez d’en ouvrir un, les textes prévoient des pénalités. Comme pour le médecin traitant, auquel l’adhésion est théoriquement volontaire mais en réalité obligatoire. Autrement dit, vous serez moins bien remboursés. Voilà donc pour la théorie. Passons à la pratique. A partir de l’exemple de la région des Pays de la Loire où des expérimentations ont été réalisées. Ce qu’il en ressort ? A six mois du début de la généralisation du DMP, il reste encore beaucoup de travail pour gagner la confiance des médecins. Et surtout des patients. Comme nous l’explique Gérard Allard, coordonnateur Santé de l’association UFC-Que Choisir, « il va falloir faire des efforts de communication pour convaincre. En particulier sur la sécurisation. Les patients craignent aussi une atteinte de leur vie privée et surtout un problème de déshumanisation de l’acte de soins. ». Expliquer, convaincre, rassurer Ce dernier argument peut paraître discutable, si l’on considère par exemple, que le DMP peut au contraire favoriser le dialogue médecin-patient. A condition naturellement, que les deux protagonistes soient familiers de l’outil informatique et d’Internet. La fameuse fracture numérique… « Tout le monde ne pourra pas faire vivre son DMP, faute d’accès à l’informatique » poursuit-il. Sa mise en place demandera du temps et des moyens ». Des moyens donc pour expliquer, convaincre, rassurer. Notamment sur la sécurité. Maître d’ouvrage du projet, le Groupement d’Intérêt public DMP (GIP-DMP) nous a expliqué viser un niveau de sécurité au moins aussi élevé que celui du secteur bancaire. Ce qui n’est pas forcément une référence, à en juger par les mécomptes des utilisateurs de cartes bancaires. Or dans six mois, les premiers DMP seront en ligne. Vous pourrez ouvrir le vôtre depuis votre domicile, à condition bien sûr de bénéficier d’une connexion à internet. Ou alors auprès de votre médecin, voire de votre pharmacien. Encore que ce point soit à l’étude. Tout comme la possibilité d’installer des guichets DMP dans les Caisses primaires d’Assurance Maladie ou les maisons de retraite. Ensuite, l’accès s’effectuera lors d’une consultation médicale. Grâce à la carte professionnelle du médecin et votre carte vitale. Ou depuis votre domicile, ou de n’importe quel ordinateur relié à internet. Vous devrez alors entrer un identifiant, qui sera sans doute votre numéro de Sécurité sociale. Ainsi que 1 voire 2 mots de passe. Inaccessible aux médecins du travail Sachez enfin que votre dossier médical ne sera pas accessible aux médecins des compagnies d’assurances. Ce qui est rassurant. Mais pas non plus, si vous êtes toujours en activité- à votre médecin du travail. Or contrairement aux précédents, les médecins du travail prennent réellement en compte la dimension de santé de l’individu. Et le Dr Nicolas Brosset, médecin coordonnateur des services médicaux du groupe automobile PSA, voit là une occasion manquée d’améliorer le système de prévention. « Le médecin du travail est lié par le secret médical comme tout médecin. Donc à aucun moment, il ne communique d’éléments à un employeur. Il y a une certaine incohérence puisqu’on demande au médecin du travail de jouer une mission de prévention, mais on ne lui donne pas toutes les clés. Si vous souhaitez en savoir davantage sur le DMP, rendez-vous sur le site www.d-m-p.org. Vous y découvrirez notamment les résultats d’un sondage CSA réalisé à la demande du GIP-DMP : Huit Français sur dix seraient favorables au DMP. Et 6 sur dix, prêts à en ouvrir un dès juillet 2007 ! Et vous ?
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