Grippe : seulement un Français sur cinq se vaccine !

16 mars 2005
Alors que la vaccination anti-grippale constitue le seul et unique moyen de se protéger, 20% seulement de la population française y a recours. Une couverture bien trop faible dans l?absolu, voire inquiétante dans l?éventualité d?une pandémie. Or le Dr Pierre Veyssier, infectiologue au centre hospitalier de Compiègne, a souligné hier au MEDEC «qu?un taux de couverture supérieur à 50% serait nécessaire pour se préparer à une pandémie». Un objectif pour le moins ambitieux, compte-tenu de la situation actuelle? Une satisfaction toutefois : passé 65 ans, près de 7 Français sur 10 se vaccinent. «Les Français ne sont pas les derniers de la classe, mais pas non plus les premiers en Europe. Les Anglais et les Espagnols de plus de 65 ans sont davantage vaccinés que nos compatriotes», a affirmé le Pr Daniel Camus, de l?Institut Pasteur de Lille. Selon Pierre Veyssier, «pour augmenter la couverture vaccinale, il faut connaître les raisons pour lesquelles certains refusent la vaccination.» Selon une enquête du Groupe d?études et d?informations sur la Grippe (GEIG) qui rassemble tous les producteurs de vaccin, un tiers des Français préfèrent l?homéopathie. Et près de 25% estiment que la grippe ne représente pas un risque. Ils s?en trouve enfin 20% pour affirmer que leur médecin ne leur a jamais parlé de vaccination ! Pour inverser cette tendance, Daniel Camus propose de s?inspirer des initiatives allemandes et espagnoles. «Ces deux pays ont rendu le vaccin gratuit quel que soit l?âge, dès lors que le médecin traitant le prescrit.» Rappelons qu?en France, seuls les plus de 65 ans et les patients souffrant d?affections de longue durée bénéficient de la prise en charge du vaccin. L'AUTOMEDICATION, UN CONCEPT DANS l'AIR DU TEMPS Un mal de tête, un rhume, une douleur passagère? Nous sommes nombreux à vouloir nous soigner de manière autonome, sans nécessairement passer par la case « médecin ». L?automédication, appelée aussi médication familiale, est aujourd?hui une tendance forte. Elle repose sur l?utilisation de médicaments bien particuliers, qui ne sont pas inscrits sur la liste dite « des substances vénéneuses ». Ils n?exigent donc pas de prescription médicale. Ce qui ne signifie pas qu?ils ne soient pas pour autant de « vrais » médicaments? C?est le cas du paracétamol ou de l?aspirine par exemple. Lorsqu?ils souffrent de pathologies courantes, les patients peuvent les utiliser en automédication. Mais il arrive parfois que les médecins les prescrivent? Les généralistes doivent-ils être exclus de la démarche d?automédication ? Pas du tout ! Au contraire même, ils devraient en être partie prenante. Au MEDEC le Dr Alain Lion, président de l?Union régionale des médecins libéraux d?Alsace, a souligné l?importance du rôle qui revient au généraliste. «S?il est vrai que les patients veulent de plus en plus s?automédiquer, ils sont aussi à la recherche de conseils, de repères que seuls les médecins peuvent leur fournir». Or aujourd?hui la médication familiale échappe largement aux généralistes. A tel point qu?ils connaissent très mal ces produits en vente libre. Et pour cause. «Ils s?y intéressent très peu. Ils craignent de voir leurs prescriptions dévalorisées aux yeux de leurs patients, s?ils retrouvent ces produits dans les media grands publics». Ce manque de communication n?est pas sans conséquence pour les malades. Les risques d?interactions médicamenteuses sont importants. Sans parler du coût économique pour le patient qui, mal conseillé, doit en fin de compte rendre visite à son médecin pour rétablir les choses et se soigner correctement. Exactement ce qu?il voulait éviter? LES MEDECINS AUSCULTENT NOTRE ASSIETTE Au MEDEC la nutrition gagne du terrain. Un « salon dans le salon » y est désormais bien installé. Il s?agit de Nutria, spécialement dédié à la formation des médecins à la nutrition. Une bonne trentaine de partenaires ont fait le pari cette année. Institutionnels et industriels ont investi les halls. Agence française de Sécurité sanitaire des Aliments (AFSSA), Centre d?informations sur les viandes (CIV), Institut Danone : 3 exemples qui montrent l?éventail des énergies mobilisées, depuis les organismes publics jusqu?aux industriels en passant par les associations de producteurs. Une grande partie des acteurs a répondu présent. Ainsi les professionnels de la santé pourront-ils débattre avec eux d?un sujet de plus en plus préoccupant, l?obésité et le surpoids des enfants et des adolescents. Mais il sera également question de diabète, tous âges confondus. Une attention particulière sera aussi portée au syndrome métabolique chez l?adulte. Plus de 12 forums animés par des experts, et 7 ateliers interactifs permettront aux visiteurs d?actualiser leurs connaissances et de partager leurs expériences. Enfin toute une session sera consacrée à la recherche clinique dans l?agro-alimentaire. Avec une question centrale. S?agit-il d?une nécessité scientifique, réglementaire ou d?une opportunité en termes de marketing ? Et vendredi, dernier jour du salon, un Prix Nutria/ADLF ?soutenu par l?association des diététiciens de langue française? consacrera un travail d?information sur le sujet. CONTRE LES DIARRHEES DE L'ENFANT, ENCORE ET TOUJOURS LES SRO... Chez les petits, une diarrhée aiguë n?est jamais banale. Les chiffres sont là pour le rappeler. Chaque année en France, 50 000 enfants de moins de 5 ans sont hospitalisés suite à un épisode diarrhéique. Et 55 à 65 d?entre eux n?y survivent pas ! «C?est inacceptable d?arriver jusqu?à la mort» s?insurge le Pr Bertrand Chevalier de l?hôpital Amboise Paré de Boulogne-Billancourt. Inacceptable car un moyen efficace existe pour lutter contre les effets dramatiques de ces diarrhées : la réhydratation par des solutions salines, les SRO ou sels de réhydratation orale. Malheureusement ce moyen «simple, efficace et remboursé» est largement sous-utilisé dans notre pays. D?après une étude réalisée en 2002 dans le Nord-Pas-de-Calais, seulement 57% des pédiatres prescrivent des SRO ! Soit légèrement plus d?un sur deux ! Les résultats de deux autres travaux, publiés en 2004 dans les Archives de Pédiatrie, sont tout aussi édifiants. Le premier nous enseigne que seulement 45% des généralistes en conseillent. Le second montre que moins d?un pharmacien sur deux les évoquent? «Il faut donner des SRO dès le début de la diarrhée» poursuit le Pr Chevalier. Lequel en profite également pour tordre le cou à une idée reçue. «Il faut réalimenter l?enfant le plus tôt possible. Cela va contribuer à améliorer son état». Les médicaments ?toujours en association avec les SRO - semblent aussi avoir leur place dans le dispositif anti-diarrhée. «Un traitement efficace diminue le débit des selles de 30%» explique-t-il. Rappelons enfin que des gestes d?hygiène élémentaire permettent de prévenir ces diarrhées. Comme par exemple de toujours se laver les mains, avec de l?eau et du savon, avant et après s?être occupé de Bébé. Et après chaque passage aux toilettes. Un geste qui doit aussi être répété plusieurs fois lors de la préparation d?un repas. A chaque fois en fait, que l?on passe d?un aliment à un autre. ATTENTION, PAPY-BOOM ! La conjonction du papy-boom et de l?augmentation de notre espérance de vie risque d?avoir des conséquences inattendues ! Les spécialistes prévoient en effet un accroissement du nombre de cas d?hypertrophie bénigne (HBP) et de cancers de la prostate. «Les enfants du baby-boom (1945-1950) entrent aujourd?hui dans la soixantaine, l?âge du développement de l?HBP» a précisé au MEDEC le Pr Philippe Mangin, chef du service d?urologie au CHU de Nancy-Brabois. Dans les cinq ans à venir, la France comptera ainsi deux fois plus d?hommes de plus de 60 ans ! Une meilleure prise en charge de leurs problèmes de santé ? et notamment de l?HBP - s?impose donc. Elle passe d?abord par un renouvellement de la démarche diagnostique. Car les troubles urinaires chez l?homme âgé ne doivent pas surprendre. Avec l?âge la prostate ? une petite glande situé sous la vessie et qui enserre l?urètre ? augmente de volume. Ce qui à terme occasionne une gêne voire des troubles urinaires. Passé 60 ans, environ 30% des hommes éprouvent des symptômes urinaires. Est-ce grave ? En fait cette hypertrophie de la prostate est souvent bénigne. Mais suivant les dernières recommandations de l?Association européenne d?urologie, ce qualificatif ne doit être employé que si la mesure du PSA (Antigène spécifique de la prostate) est strictement normale. Côté traitement, l?arrivée de bithérapies constitue un «grand pas en avant». Cette nouvelle approche réduirait en effet des deux-tiers le risque de voir progresser l?HBP. Un résultat sans équivalent aujourd?hui. Pour ce qui concerne le cancer de la prostate le Pr Christian Coulange, du CHU de Marseille, souligne «l?importance de mieux informer l?ensemble de la population masculine française». Une stratégie qui doit impérativement passer par un dosage annuel du PSA, «un outil de diagnostic qui permet à la fois un excellent dépistage et un très bon suivi du traitement».
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