L’hôpital en dessins, sous son jour le plus vrai…
19 mars 2004
A la vie, à la mort, l'hôpital, c'est le quotidien de l'hôpital dessiné sous son véritable jour... L'auteur Noëlle Herrenschmidt a signé une oeuvre forte, récompensée hier par l'un des trois Prix littéraires du Medec 2004.
Son ouvrage est le fruit de trois ans de reportage à travers une vingtaine d'établissements de l'Assistance publique, Hôpitaux de Paris. Dessins et témoignages se succèdent pour raconter "
sans voyeurisme ni apitoiement " le quotidien de l'hôpital, sous l'angle des soignants et bien sûr des patients.
Des patients comme Salimina, 32 ans, qui accouche de triplés à l'hôpital Antoine Béclère de Clamart ; ou comme Robert, 51 ans, greffé du cur, hospitalisé à la Pitié-Salpêtrière. Et des soignants tel Alfred, 55 ans et cadre infirmier à Berck, qui "
part du principe que nous sommes tous des handicapés potentiels ".
Outre Noëlle Herrenschmidt,
Prix André Soubiran pour
A la vie, à la mort, l'hôpital, (Editions Gallimard), Gérard Lambert et Jean-François Bizot complètent le palmarès des Prix Littéraires du Medec 2004. Le premier a remporté le
Prix d'information médicale pour
La légende des gènes (Editions Dunod). Quant au second, son ouvrage intitulé
Un moment de faiblesse (Editions Grasset) a été récompensé du
Grand Prix d'humanisme médical.
MEDIAS ET ASSOCIATIONS DE PATIENTS: UNE CHAÎNE AU SERVICE DE LA PREVENTION
Prévenir les maladies, les rechutes, la détérioration de la qualité de vie... La médecine préventive - et non uniquement curative - est en grands progrès ces dernières années. Grâce aux efforts conjugués des associations de patients... et des médias.
Hier au Medec, les débats ont été vifs durant la table ronde organisée par
Destination Santé. Au programme du jour, le rôle éventuel de la prévention dans la maîtrise des coûts de santé ! Pour le Dr Jean Rochon, ancien ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec et grand témoin de ce Medec consacré à la
Qualité en Santé, la réponse ne peut être qu'ambivalente. "
Oui la prévention améliore la qualité de vie et l'état de santé des patients. Cependant, il semble extrêmement difficile de mesurer l'impact de grandes campagnes de prévention sur la maîtrise des coûts ".
Un message d'autant plus pertinent qu'il sous-tend l'existence de deux types de prévention. L'une
comportementale, qui s'appuie sur l'hygiène de vie la plus basique, comme le fait de se laver les mains par exemple... Ou sur l'abandon de comportements à risque : tabagisme, consommation excessive d'alcool, alimentation déséquilibrée... L'autre
médicamenteuse intervient dès lors qu'une maladie chronique s'installe. Des exemples ? L'infarctus du myocarde, l'hypertension artérielle, le diabète de type II...
Et vous l'aurez compris, la première représente un investissement particulièrement rentable, car minime pour un résultat de qualité à long terme. La seconde elle, permet d'éviter des pathologies lourdes au prix d'une hausse relative des dépenses de santé... La difficulté est de déterminer le rapport coût-efficacité de cette forme de prévention.
En établissant un partenariat étroit et équilibré avec les médias, les associations - de patients mais aussi de professionnels - agissent sur ces deux fronts. Car elles peuvent sensibiliser, informer et éduquer les patients. Et cela marche ! En 1974 et pour lutter contre les accidents vasculaires cérébraux, le Dr Jacques Bouillat fonde l'association France AVC. "
A l'époque personne ne savait quelle était cette maladie. Les patients étaient dans l'ignorance, les médias ne diffusaient pratiquement aucune information sur le sujet. Les membres de l'association se sont investis pour entrer en contact avec les journalistes. Et depuis, la presse joue le jeu et fait passer les messages de prévention ".
France AVC a bien évidemment choisi la bonne cible. Mais aussi les bons messages. "
Nous sommes les relais naturels du tissu associatif ", affirme Francis Laffond correspondant de
l'Alsace à Paris. "
Les journaux locaux créent du lien social. Ils veulent aider leurs lecteurs à mieux vivre. C'est pourquoi il nous paraît essentiel de diffuser des informations santé concrètes et pratiques ".
Mais comme dans tous domaines, les maladies ne bénéficient pas toutes de la même attention de la part des médias. Certaines font peur, d'autres sont négligées car elles sont jugées trop peu répandues. Un mauvais motif bien sûr ! Mais très souvent invoqué. Voilà pourquoi la relation entre un journal et une association de patient doit être constamment soutenue. Et c'est aux associations de patients de trouver les mots justes pour convaincre leurs interlocuteurs de l'importance de leurs messages. Car au bout du compte, c'est pour le bénéfice à la fois de chaque individu, et de la collectivité dans son ensemble.
SPARADRAP: AU CHEVET DES ENFANTS HOSPITALISES!
" Parce que c'est pas du jeux d'être malade ". Le slogan de l'association Sparadrap résume à lui seul le credo que se sont fixés ses membres : lutter pour que la douleur des enfants soit efficacement pris en charge à l'hôpital.
Très active, l'association a mis en place un Centre national de ressources sur l'enfant et l'hôpital. Près de 2 000 organismes qui se consacrent en tout ou partie à l'enfant malade y sont répertoriés. Sparadrap oeuvre pour rassembler la documentation, la diffuser, faire connaître les actions entreprises mais aussi pour développer un lieu de parole, de témoignages et de réflexion. Avec toujours le même objectif : améliorer la situation de l'enfant à l'hôpital.
Présidée par un anesthésiste, le Dr Didier Cohen-Salmon, l'association propose aussi des formations aux équipes soignantes. Musique, jeux, décors colorés et festifs, Sparadrap fait le maximum pour égayer la vie des enfants hospitalisés.
C'est un véritable service social. Car bien souvent la douleur des enfants est injustement sous-estimée. Trop d'adultes l'ignorent ou la négligent. Pour l'association, même si un enfant est malade, il doit pouvoir continuer à jouer, à apprendre, aimer et rire. Il doit enfin être rassuré s'il a peur et soulagé s'il souffre. Pour en savoir davantage, Association Sparadrap, 48 rue de la Plaine 75020 Paris ou
http://www.sparadrap.asso.fr
JEAN QUI RIT ET JEAN QUI PLEURE: DES TROUBLES BIOPOLAIRES PASSES NON-DIAGNOSTIQUES?
Les troubles bipolaires - c'est le nouveau nom de l'ancienne "psychose maniaco-dépressive" - touchent près de 3 millions de Français. Et ils doivent être dépistés systématiquement, car le risque de suicide est majeur. Multiplié par 30, en fait !
Dans la forme la plus classique de la maladie, le diagnostic est assez facile. Le malade présente en effet une alternance caractéristique de phases
maniaques - dépenses inconsidérées, impression de toute puissance, hyperactivité, réduction du sommeil... - et de phases dépressives. La tristesse, la perte d'intérêt et la fatigue dominent alors.
Durant les phases maniaques, on observe parfois des signes qui font penser à une
psychose: sentiment de persécution, religiosité exacerbée, hallucinations auditives ou visuelles... Entre ces périodes, tout va bien. On n'observe aucun trouble. Mais il arrive aussi, que la personne atteinte ne présente que des signes de dépression. Elle est alors considérée - à tort - comme porteuse d'une dépression simple ou, pour les spécialistes,
unipolaire. Piège: même cette forme particulière présente des caractéristiques qui amèneront dans ce cas le médecin à évoquer un diagnostic de trouble maniaco-dépressif ou
bipolaire.
En général, les premières atteintes sont observées entre 15 et 24 ans. Mais comme le diagnostic est difficile, on observe parfois un intervalle de 5 à 10 ans entre le début des troubles et la mise en route effective du traitement. Ce retard expose le patient non seulement à une souffrance importante, mais aussi à un risque très élevé de suicide.
Les troubles bipolaires ne sont pas héréditaires au vrai sens du terme : Il n'existe pas de gène anormal, qui serait transmis de génération en génération. En revanche, il y a bel et bien une forme de susceptibilité familiale. On reconnaît ainsi que, lorsqu'un frère ou une soeur est atteint, les risques de voir un autre membre de la fratrie en souffrir également sont de l'ordre de 5% à 10%.
Le problème est donc sérieux. Mais les traitements sont aujourd'hui bien codifiés. Ils associent une double prise en charge psychologique et médicale, avec un traitement des crises aiguës - dépressives ou maniaques - et une prévention des récidives. Et pour l'aide au quotidien, on ne saurait trop recommander aussi, le recours au tissu associatif. L'association ARGOS par exemple, organise des groupes de parole pour les patients, comme pour leurs familles. Argos 2001, Boîte n°30, 11, rue Caillaux, 75013 Paris. Téléphone 01 69 24 22 90.
http://argos.2001.free.fr/
DEREMBOURSEMENTS DES VEINOTONIQUES: C'EST TROP GONFLANT DE PRENDRE SES JAMBES A SON COÛT!
Les soi-disant " économies " dégagées en cas de déremboursement des veinotoniques risqueraient d'être anéanties par l'augmentation des arrêts de travail. Car bien des malades ne pourront ou ne voudront pas prendre en charge le coût du traitement.
Si en France 18 millions de personnes souffrent de maladie veineuse, les pouvoirs publics envisagent tout de même le déremboursement des veinotoniques, laissant donc ces malades sans traitement. Associés à la contention (les bas à varices) et à l'hygiène de vie (se bouger!), ces médicaments permettent en effet de diminuer les douleurs et l'dème -le gonflement des jambes - dans les cas les moins avancés de la maladie veineuse.
Selon une étude menée par près de 300 généralistes, si demain les veinotoniques n'étaient plus remboursés par la sécurité sociale, les patients prêts à mettre la main à leur porte-monnaie resteraient fidèles à ce type de médicaments. Mais - et c'est pas de veine pour l'assurance maladie! - les patients plus près de leurs sous prendraient cela par-dessus la jambe: la prescription de médicaments encore à l'oeil, comme les anti-inflammatoires et les anti-douleur, se mettrait à enfler ! Pire, les arrêts de travail pris en charge remplaceraient les comprimés non remboursés!
En Italie en 1994, les veinotoniques ont été déremboursés. La botte italienne a vu s'accroître le nombre de cas graves et d'hospitalisations pour chirurgie veineuse : des strippings, qui consistent à retirer les veines abîmées en tirant dessus, mais surtout des chirurgies plus lourdes visant à réparer des complications. En France, on a bien intégré l'importance d'une prévention efficace. Quitte à se faire tirer les oreilles : plutôt que se faire tirer les veines, il mieux vaut traîner la patte en se mettant les jambes au repos! L'assurance maladie va en avoir les jambes sciées mais bon, ne le répétez pas...