Drogues : gare aux intoxications des tout petits !
30 août 2017
MCarper/shutterstock.com
Faire en sorte que les enfants n’absorbent pas d’alcool ou de drogues. Cela paraît logique ? Pourtant, les pédiatres des urgences constatent de plus en plus d’intoxications… au cannabis ! Ainsi, 5 enfants de moins de 18 moins ont été admis au CHU de Nice en l’espace de 15 jours… Pour éviter ce type d’accident potentiellement grave, les conseils du Dr Arnault Pfersdorff, pédiatre réanimateur à Strasbourg et fondateur du site Pédiatrie online.
Le Dr Hervé Haas, chef des urgences pédiatriques du CHU Lenval de Nice a lancé un cri d’alerte médiatique dans les colonnes de nos confrères de Nice-Matin. La raison ? Une série de 5 intoxications au cannabis chez des nourrissons en moins de 15 jours !
« Il est important de prévenir les parents, même s’ils sont eux-mêmes consommateurs, que laisser traîner des boulettes de cannabis peut avoir des conséquences importantes, allant jusqu’à l’hospitalisation », a-t-il ainsi déclaré. En effet, les 5 enfants concernés ont été pris en charge par les urgences après avoir avalé des morceaux de cannabis.
Hors de portée des enfants !
Ce fait divers ne surprend pas le Dr Arnault Pfersdorff. « C’est un problème qui va en augmentant, tout en restant rare (0,5 à 1 pour mille des intoxications de l’enfant) par rapport aux autres intoxications (produits ménagers, médicaments… » Et ces « accidents » concernent aussi bien le cannabis que l’ecstasy ou encore la cocaïne. Or ils induisent de graves risques pour les plus petits. Certes « le décès est très rare mais les séquelles neurologiques et rénales existent ».
« L’ingestion de cannabis provoque vomissements, troubles de la conscience, fatigue, pupilles dilatées, baisse de la tension, et plus rarement convulsions puis coma », indique le Dr Pfersdorff. De son côté, l’absorption d’ecstasy, « le plus tentant pour les enfants car ressemble à des petits bonbons, entraîne vomissements, mal au ventre et confusion », poursuit-il. En outre, « l’enfant est agité, agressif, présente une tachycardie, une hausse de la tension et parfois une fièvre et tensions musculaires ». Enfin, « la cocaïne et le crack provoquent une agitation et parfois des convulsions, une fièvre, des troubles cardiaques et un risque de lésions rénales ».
Loin d’être sans risque donc, l’exposition à un psychotrope à un si jeune âge est très dangereuse. D’autant qu’il n’existe aucun antidote. En cas d’absorption accidentelle, « l’enfant est hospitalisé au moins 24 heures, subit des lavages gastriques, un refroidissement et reçoit des calmants de type benzodiazépines pour la cocaïne ».
Les adultes, pleinement responsables
« La surveillance d’un nourrisson sachant se déplacer et de tout jeune enfant est indispensable et doit être permanente », rappelle le Dr Pfersdorff. « Le risque existe jusqu’à 5/6 ans, avec un maximum entre 2 et 3 ans. »
C’est d’ailleurs pour cela que la responsabilité de tels accidents incombe totalement aux parents, ou aux adultes responsables de l’enfant au moment de l’accident. Dans 4 des cas du CHU de Nice, les parents ont évoqué l’absorption accidentelle de mégots ou de boulettes de cannabis dans un parc (…). Pour le Dr Pfersdorff, le doute est permis. « En général on surveille mieux ses enfants au parc qu’à la maison et les intoxications ont lieu au domicile dans 90% des cas… »
-
Source : interview du Dr Arnault Pfersdorff, 30 août 2017
-
Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Vincent Roche