Du gaz hilarant contre la dépression?

18 juin 2021

Selon des chercheurs américains, un traitement consistant à respirer un mélange d'oxygène et de protoxyde d'azote - également connu sous le nom de gaz hilarant – permettrait d’améliorer les symptômes des personnes souffrant de dépression résistante au traitement.

Le protoxyde d’azote, aussi connu sous le nom de gaz hilarant, est un gaz d’usage courant stocké dans des cartouches pour siphon à chantilly ou encore dans des aérosols d’air sec. Il possède des propriétés euphorisantes et donc est souvent détourné de son usage initial afin d’être inhalé. Fréquemment les autorités alertent sur des complications liées à cette utilisation récréative : nausées et vomissements, maux de tête, crampes abdominales, diarrhées, somnolence, vertiges, acouphènes…

Mais si cet usage était encadré, il pourrait présenter des bienfaits, notamment pour lutter contre les formes résistantes de dépression. C’est en substance le message de chercheurs de la Washington University School of Medicine à St. Louis et de l’Université de Chicago. Dans un essai clinique de phase 2, ils ont démontré que les symptômes de la dépression s’améliorent rapidement après un traitement au protoxyde d’azote inhalé. De plus, ils ont signalé que les avantages peuvent durer plusieurs semaines.

« Un grand pourcentage de patients ne répondent pas aux antidépresseurs standards », expliquent les auteurs. « Il est très important de trouver des traitements pour les aider ».

Le bon dosage

Sur 24 patients, les scientifiques ont testé 3 traitements à environ un mois d’intervalle. Au cours d’une séance, les sujets ont respiré pendant une heure des gaz composés à 50% de protoxyde d’azote et à moitié d’oxygène. Lors d’une deuxième session, les mêmes patients ont respiré une solution à 25 % de protoxyde d’azote. Le troisième traitement, le placebo, consistait à ne respirer que de l’oxygène.

Résultat : le protoxyde d’azote – à la fois à 25 % et dans le mélange 50-50 avec de l’oxygène – a amélioré les symptômes dépressifs chez 17 participants. « Les différences entre un mélange à 25 % et un mélange à 50 % concernaient principalement la durée des effets antidépresseurs », notent les chercheurs. « Alors que la dose à 50 % avait des effets antidépresseurs plus importants deux semaines après le traitement, la dose à 25 % était associée à moins d’événements indésirables, dont la sensation de nausée. »

A noter : Ces résultats sont tout de même à prendre avec des pincettes et méritent confirmation. Le protoxyde d’azote demeure un produit dangereux. A fortes doses, sa consommation peut aussi entraîner une confusion, des difficultés à parler et à coordonner ses mouvements, un ralentissement ou des irrégularités du rythme cardiaque pouvant conduire au décès.

  • Source : Washington University School of Medicine, 9 juin 2021

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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